12 mai 2008

Informatique et bibliothèques (2)


Les impacts sur la diffusion et l'accès à l’information :

La première évolution majeure à mes yeux pour le public est la fin d’un certain élitisme de l’accès aux collections patrimoniales, élitisme imposé par la rareté et la fragilité des collections. Aujourd’hui, n’importe quel internaute peut, sans avoir à justifier sa recherche, sans prendre rendez vous au préalable, sans se déplacer, sans payer aucun droit d’accès, feuilleter sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, quelques uns des manuscrits les plus précieux et les plus beaux conservés au département des manuscrits. C’est la l’illustration la plus convaincante de la démocratisation de l’accès à ces ressources uniques.
Qu’il s’agisse du code de déontologie du bibliothécaire de l’ABF, du manifeste de l’UNESCO, de la charte des Bibliothèques du CSB, tous ces textes qui définissent les grands principes et objectifs des bibliothèques publiques partagent cette valeur qui fait de l’accès au savoir et à l’information du plus grand nombre un axe majeur de la mission du bibliothécaire. Le numérique sert directement et très concrètement cet objectif.
L’information sur les collections patrimoniales est également servie par l’entrée de l’informatique à la bibliothèque. La rétro-conversion des catalogues manuels des fonds locaux et anciens des bibliothèques municipales participe au recensement et à la localisation de ce patrimoine. La base BMR de la BnF autorise tout chercheur et plus généralement tout citoyen, à accéder à cet inventaire des richesses patrimoniales conservées dans les bibliothèques françaises.
L’accès de l’usager aux collections et sa recherche sont facilitées par le traitement documentaire informatisé. L’usager passe des innombrables tiroirs et fiches cartonnées des anciens catalogues manuels à une recherche combinée ou non sur un auteur, un titre, des mots clés, voir les mots d’un résumé ou pour des ouvrages accessible en texte intégral une recherche sur le document lui même. Cette recherche, plus fine, entraîne un changement direct dans la relation entre le bibliothécaire et son public ; la formation des publics fait désormais partie intégrante des référentiels de compétences du bibliothécaire. Plus encore, la bibliothèque se voit confier la mission de réduire la fracture numérique. Outre la formation des usagers à la recherche documentaire informatisée, de très nombreuses bibliothèques proposent également des ateliers d’initiation à Internet, au traitement de texte, à la retouche photo, etc.
Le développement des services à distance est une autre illustration de l’apport de l’informatique dans l’offre de service de la bibliothèque. Allant de la simple page d’informations pratiques à un portail élaboré donnant accès au catalogue et à de nombreux autres services, la présence de bibliothèques sur Internet est chaque jour croissante. Qu’il s’agisse de proposer un accès à des plates-formes telles qu’Artevod pour la vidéo en ligne, Numilog pour les livres numérisés, Bibliomédia pour l’écoute de musique ou de livres audio en ligne, les sites de certaines bibliothèques présentent une réelle valeur ajoutée et viennent compléter l’usage « physique » plus traditionnel. L’intérêt que présentent ces services pour les publics empêchés n’est plus à démontrer, en témoigne le succès de la Bibliothèque Numérique pour le Handicap (BNH) mise en place par la bibliothèque de Boulogne Billancourt.
Dans ce domaine, il reste aujourd’hui à suivre et intégrer les récents développements de technologies et en particulier ceux du web 2.0, qui regroupent de nouvelles fonctionnalités développées indépendamment les unes des autres et qui tendent toutes à placer l’internaute au centre du service proposé ;
- suggestions d’emprunt en fonction de l’historique du dossier lecteur,
- informations personnalisées sur les dernières acquisitions,
- sollicitations de l’avis des usagers sur les documents qu’ils ont empruntés,
- échanges / débats en ligne dans des forums modérés par les bibliothécaires,
- etc.
Le numérique devient ici l’outil d’une nouvelle interaction entre la bibliothèque et son public, et entre les usagers eux-mêmes.
Un bibliobuzz récent du Bulletin des Bibliothèques de France se faisait l’écho d’un débat sur la nécessité pour les bibliothèques de recruter des informaticiens experts, quitte à les former ensuite au métier de bibliothécaire. Il est en tous cas certain qu’aujourd’hui, l’informatique et les NTIC doivent occuper une place importante dans la formation, initiale ou continue, des personnels de bibliothèques. L’évolution constante et rapide des techniques informatiques l’impose.

Les exemples ci-dessus le montrent, l’informatique à profondément modifié les modalités d’accès à l’information pour nos usagers. La mission d’élargissement des publics et de diffusion de l’information est renforcée par les nouvelles technologies. Si celles-ci nécessitent une réflexion et des actions concrètes de formation et plus généralement de médiation avec nos usagers, elles actualisent cette mission de diffusion et la dotent de nouveaux outils qui la rendent plus efficace.

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