2 août 2009

Objectif... atteint !

Après une soixantaine de candidatures spontanées, cinq réponses à des offres d'emploi, trois entretiens d'embauche, j'ai pris, ce premier août, mes nouvelles fonctions de responsable du pôle multimédia de la Médiathèque d'Evreux.
Nul doute que ce blog, mais surtout tous ceux auquel il s'est référé régulièrement, ont contribué à l'atteinte de cet objectif que je me suis fixé il y a maintenant deux ans.
Merci aux rares mais précieux "commentateurs" de mes modestes billets, ainsi qu'aux messages reçus et aux webmestres ou blogueurs qui ont jugé bon de faire mention de mes réflexions dans leurs pages.

A bientôt !
Hervé

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22 mai 2009

Prêt illimité et accès libre

Dans le dernier numéro du BBF, un article intéressant sur la pratique de prêt illimité dans les bibliothèques municipales d'Albi ; "Lisez sans entraves : le prêt illimité à la bibliothèque municipale d'Albi".

A la Médiathèque Pierre Amalric (et ses annexes), l'emprunt des livres, revues, livres audio, jeux et partitions est gratuit, celui de CD audio et DVD coûte 15 € par an. Le nombre de livres, revues et partitions empruntables par un lecteur inscrit est ... illimité. La durée initiale du prêt est fixée à 4 semaines, mais, à la condition de ne pas faire l'objet d'une réservation par un autre lecteur, ce prêt peut être renouvelé pour une durée ... illimitée. Cette politique novatrice en matière de prêt s'accompagne toutefois, pour le lecteur distrait, d'une pratique de pénalités financières allant jusqu'à 10 € au delà d'un mois de retard dans le retour du document et au remboursement du document avec pénalité au delà de 3 mois.

L'article du BBF ne précise pas si le nombre de retard est resté stable ou a évolué, à la hausse ou à la baisse ? Autrement dit, les lecteurs ont ils joué le jeu de ces nouvelles règles ? Les constatations sur la sortie des documents sont encourageantes, avec 22% des collections en accès libre sorties contre 15% précédemment. Les réservations de documents ont quand à elle augmenté de 77%, ce qui tendrait à montrer que les lecteurs ont bien assimilé cette nouvelle pratique.

Cette expérimentation me fait me poser une question sur l'accès au document. Une étude existe-t-elle (est-ce seulement réalisable ?...) sur le mode d'accès au document, autrement dit, le lecteur emprunte-t-il un document parce qu'il l'a trouvé (et donc cherché) dans les rayons de la bibliothèque, ou suite à son interrogation du catalogue ? Si l'on ne peut que se féliciter de l'augmentation des emprunts de documents, qu'en est-il de cet accès libre, accès à part entière au document, accès qui est à l'origine de la configuration de nos médiathèques modernes ? Les "fantômes" jouent-ils leur rôle ici ? Si la réservation à partir du catalogue d'un document sorti est aisée dans la plupart des OPAC, les lecteurs qui ne trouvent pas le document qu'ils souhaitent dans les rayons vont-ils ensuite sur le catalogue pour le réserver ? Ou n'en concluent-ils pas tout simplement que ce document n'est pas à la bibliothèque, puisqu'il n'est pas en rayon...

L'accès libre et direct au document, au même titre que l'accès par le catalogue, traduit l'état de nos collections pour le lecteur ; quelle "re-médiation" peut être mise en place pour inciter le lecteur à préférer l'interrogation du catalogue, qui lui donnera accès à l'intégralité des collections, sorties ou non, et à la réservation le cas échéant. Et qu'en est-il de l'usage sur place, sans inscription ?

Qu'on ne s'y trompe pas, l'objectif du bibliothécaire est bien à mes yeux de voir le plus de documents possibles hors des rayonnages, entre les mains des lecteurs. Mais il est aussi d'informer le lecteur, inscrit ou non, sur la totalité des collections... Cette re-médiation passe sans doute par une plus grande communication sur les réservations, des fantômes plus "parlant" (photocopie de la couverture avec un message sur la réservation par exemple ?), une incitation plus grande à l'utilisation du catalogue... Car la seule sortie illimitée des documents n'est pas un objectif en soi, c'est bien leur circulation qui garantit une diffusion auprès d'un large public de lecteurs.

Pratique à suivre dans tous les cas...

19/06/09 : Et pour aller plus loin dans le débat, on pourra lire ce billet et ses nombreux commentaires sur le blog de Bibliobsession 2.0.

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18 mai 2009

Bibliothèques en ligne sur Jimdo


Découverte aujourd'hui de Jimdo, un outil de gestion de contenu gratuit, qui propose la création d'un site web en ligne. Pas besoin d'un éditeur html, d'un espace d'hébergement distinct, de transfert ftp, l'édition des pages se fait sur le site de jimdo, après connexion de l'utilisateur. Il semble que l'outil ait séduit quelques bibliothèques, comme celle de Puyloubier, de Sérent, ou encore de Saint Jean en Royans ; de petites structures, avec des moyens en proportion sans doute, qui s'offrent avec JIMDO un portail très structuré, graphiquement cohérent, et dont l'utilisation est très accessible.

Certes, les limites existent ; éditeur de texte peu évolué, traitement laborieux des images dans le texte, choix limité de mises en page. Toutefois, pour une structure avec peu de moyen et souhaitant mettre rapidement en ligne une page structurée, Jimdo est un outil très intéressant. Le service est donc gratuit, mais pour 5 euros par mois, le site propose 5 Go d'hébergement (au lieu de 500 Mo en accès gratuit), des statistiques détaillés de fréquentation, et la suppression des publicités.

Liens vers le site et le wiki de Jimdo

A noter également le moteur de recherche par tags très graphique de Jimdo :

Autre exemple d'utilisation réussie de Jimdo avec ce lien vers la bibliothèque sonore de Cannes (Merci Amélie).

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11 mai 2009

Portails de bibliothèques

La médiathèque de Roubaix

Difficile de trouver une liste exhaustive des sites web créés pour et par les bibliothèques publiques. Je n'ai rien trouvé de véritablement exhaustif, seulement quelques tentatives très partielles ;

Dans les signets de la BnF, une sélection d'une vingtaine de sites de bibliothèques publiques, en majorité térritoriales.

Sur Biblio On Line, une liste de liens vers les portails de bibliothèques municipales et de BDP, toujours pas exhaustive mais un peu plus complète quand même.

Sur le portail Bibliopedia, une liste qui ne concerne pas directement les sites des bibliothèques mais leurs blogs.

En utilisant le répertoire du site de l'ADBGV , en consultant le répertoire des bibliothèques du CcFr et, pour finir, en ajoutant à ces listes les résultats d'un moteur de recherche sur les termes "site de la bibliothèque" ou "site de la médiathèque", on parvient j'imagine à accéder à la totalité des sites en lignes de bibliothèques publiques. Une liste unique et exhaustive reste à créer...

Les bibliothèques municipales de Grenoble

En suivant quelques liens proposés par ces listes / répertoires, la diversité et la variété des réalisations est frappante. De la page web simple contenant quelques liens vers les plaquettes en PDF de l'établissement, au portail web élaboré au graphisme impeccable, la palette est large. La taille des établissements est bien sûr déterminante, même si des exceptions existent, qu'ils s'agissent des sites de petits établissements particulièrement dynamiques et complets ou de sites de grandes médiathèques étonnamment basiques.

Certaines médiathèques externalisent la gestion de leur site en les confiant à des sociétés de services Web, d'autres utilisent des compétences en interne. Par ailleurs, de plus en plus de logiciels de bibliothèques proposent des solutions "CMS" ou "SGC" (pour Système de Gestion de Contenu), qui permettent d'habiller en quelques sortes les OPAC web et de créer un véritable portail d'accès au catalogue bien sûr, mais aussi à des services, internes ou externes, à des informations pratiques, des pages d'actualités, etc... Ces systèmes sont paramétrables et personnalisables, et constituent une solution intermédiaire parfois très satisfaisante qui évitent d'embaucher un webmestre à temps complet, ou d'externaliser la gestion du portail. Parmi les SIGB qui proposent ces solutions :

La médiathèque de Dole

Toutes ces solutions et les pratiques très variées des différents établissements posent la question des objectifs d'un tel portail. Parfois considéré comme un outil de communication (la "vitrine" de l'établissement) ou comme un outil documentaire à part entière, le portail d'une bibliothèque publique remplit des objectifs précis, mais très différents selon les cas.

Le premier objectif me semble être l'information au sens large des usagers. Sur la localisation de la bibliothèque, ses horaires d'ouvertures, ses collections, mais aussi ses missions, son organisation, son règlement, ses actualités, les services qu'elle propose.

Le plan du portail des bibliothèques d'Orléans

Ces informations sont présentes dans la majorité des cas, sous des formes et avec des accès différents. Pour les compléter, certains établissements proposent des visites virtuelles des locaux comme à Saint Germain en Laye, Troyes ou encore Limoges. D'autres proposent des chiffres ou rapports d'activité, comme à Lyon, à Sainte Tulle dans les Alpes de Haute Provence, Chalon sur Saône, etc.

Je distingue ici deux types d'informations ; celles qui portent sur les modalités pratiques d'accès aux services (agenda, horaires, plans...), présentes dans la quasi totalité des sites, et celles qui consistent à affirmer l'identité de l'établissement, en en présentant l'histoire, les missions, les activités. Cette deuxième information est encore relativement absente ou partielle sur les sites que j'ai visités.

La Bibliothèque de Toulouse

Le deuxième objectif est plus documentaire celui-là ; c'est la bibliothèque "hybride" dont parlent certains, la bibliothèque qui proposent des services documentaires en ligne. Cet objectif présuppose le développement de nouveaux usages de la bibliothèque, en l'occurrence les usages distants. L'offre est très inégale selon les établissement, tout comme les moyens à disposition pour développer de telles offres.

Le premier service que la bibliothèque se doit de proposer est bien sûr le catalogue du fonds. Je ne reviens pas ici sur les nombreuses variantes d'OPAC qui existent. La plus value de l'accès en ligne du catalogue n'est plus à démontrer ; si aucune statistique n'existe sur ce point, je ne serais pas étonné que des non usagers se soient inscrits à la bibliothèque justement après avoir consulté le catalogue en ligne et découvert les richesses inconnues d'une collection ; je suis de ceux là ! L'usager préparant sa visite, localisant les sections les plus pertinentes pour ses recherches, vérifiant la disponibilité d'un document, les avantages que présente l'interrogation du catalogue en ligne sont nombreux. De plus, la valorisation des collections, par la sélection ou les coups de cœurs des bibliothécaires, la mise en valeur des dernières acquisitions, ajoute encore à la simple interrogation, et remplit le rôle des listes papier et des tables ou présentoirs de la bibliothèque "réelle".

La bibliothèque municipale de Nantes

Je distingue ensuite les services internes des services externes. Dans la première catégorie, on trouve les produits documentaires qui peuvent être proposés en lignes ; bibliographies, dossiers documentaires par exemple, mais aussi les expositions virtuelles comme à Versailles, Troyes ou encore Toulouse. Les collections numérisées font également partie de ces ressources ; iconothèque, bibliothèques numériques, les offres sont ici souvent fonction des moyens bien sûr ; à Reims, Roubaix, Lisieux, par exemple.

Dans ces services issus des collections, j'inclus les sitothèques proposées par certains établissements, ou également les services de recherche à distance. Concernant les sitothèques, si je conçois l'intérêt que présente une liste organisée de liens, je suis plutôt partisan de traiter le site Internet comme un document à part entière et d'intégrer sa description non à une liste distincte mais plutôt aux notices du catalogue en ligne. Quitte à valoriser ce "fonds" par des listes extraites du catalogue ensuite. Cette pratique d'intégration de sites Internet dans les résultats d'une recherche OPAC est de plus en fréquente, même si elle pose le problème de la consultation de ces documents "distants" à partir des postes OPAC à l'intérieur de la bibliothèque, ceux-ci n'étant pas toujours connectés à Internet.

Parmi les services externes, les possibilités sont nombreuses, et je renvoie au site du CAREL pour feuilleter le "catalogue" de plus en plus complet des ressources électroniques en ligne. Ces ressources ne sont évidemment pas accessibles à tous les budgets... mais qu'est-ce qui empêche un établissement d'orienter ses usagers vers le site du projet Gutenberg ou encore vers Gallica et Europeana. Un inventaire des ressources en ligne gratuite reste à construire, et la bibliothèque ne me semble pas la plus mal placée pour cela...

La médiathèque de l'agglomération Troyenne

Pour finir, je déclinerai un troisième objectif, celui de l'interaction avec les usagers. Objectif incontournable à l'heure du web 2.0 ! Cette interaction peut prendre plusieurs formes ; les OPACs proposent de plus en plus des fonctionnalités permettant à l'usager de "voter" pour un document, d'ajouter son avis ou des tags / étiquettes : l'usager ici devient contributeur du catalogue. La gestion du compte lecteur est elle aussi de plus en plus largement proposée par les OPAC ; la connexion de l'usager sur le site détermine parfois son accès à certaines rubriques ou ressources, à certaines fonctionnalités de l'OPAC, ou encore à un espace personnel consultable d'un poste à la médiathèque ou de son domicile.

Les fonctionnalités du RSS se retrouvent également de plus en plus souvent sur les sites des bibliothèques et permettent une veille facilitée de l'usager sur les actualités de l'établissement. Quelques bibliothèques sont aussi présentes sur certains réseaux sociaux, Facebook (Médiathèque de Bagnolet) ou encore Babelio (ici la Médiathèque de Marennes dans la Charente Maritime). LibraryThing, plus anglophone, compte plusieurs bibliothèques publiques anglo-saxonnes parmi ses abonnés. Il s'agit ici de sortir du site de la bibliothèque, et d'aller vers l'usager là où il se trouve, pour communiquer et informer sur les services ou les collections. Le site social est un relais intéressant pour élargir la présence de la bibliothèque sur Internet, pour toucher un public plus large, notamment l'internaute qui ne cherche pas la bibliothèque, mais qui va la trouver "par hasard" sur le réseau social auquel il s'est abonné.

La médiathèque de Lorient

Les blog(ue)s sont bien sûr en théorie l'outil le plus approprié pour échanger avec les usagers, même si, dans la pratique, certains tendent à servir les objectifs d'un portail (information) et en conséquence limiter la contribution de l'usager (voir ce billet). Dans le même ordre d'idée, même si je n'ai pas trouvé d'exemples en ligne, la création d'un forum peut être intéressante pour accueillir des discussions d'un club de lecteurs par exemple, ou des réactions à telle ou telle animation ou conférence organisée par la bibliothèque. Tous ces services sont toutefois très demandeurs en temps pour les bibliothécaires ; il faut alimenter en contenu ces outils, les modérer, et mobiliser un collectif sur ces tâches, pour que tous les services et toutes les collections puissent être représentées.

Pour compléter ces réflexions, je renvoie à la lecture du dossier toujours d'actualité du BBF n°3 T51 de 2006.

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6 avril 2009

Automazic


J'ai emprunté pour illustrer un billet du mois dernier sur la musique numérisée en bibliothèque la photo d'une borne Automazic. Je reviens sur le sujet parce qu'à l'heure des débats sur le piratage des œuvres, l'initiative mérite d'être soulignée.

Cette borne permet à l'usager d'écouter en toute légalité des œuvres musicales libres de droit, de les télécharger, ou encore de contribuer au catalogue en y déposant lui même ses propres productions. Je n'ai aucune idée du succès rencontré (ou non) par ces bornes dans nos bibliothèques, mais à mon avis, elles y ont toute leur place, comme semble-t-il à Toulouse, Gradignan ou Belfort.

Le site d'Automazic

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Bibliothèque, insertion, formation...

J'ai assisté le lundi 16 mars à la table ronde du BBF sur les bibliothèques et la citoyenneté, et en suis ressorti persuadé que mon avenir professionnel en bibliothèque était assuré !

Les différentes interventions sont toutes allées dans le même sens, à savoir qu'il était urgent, pour les élus notamment, de dépasser l'opposition entre la mission culturelle et la mission sociale de nos établissements. Lorsque les bibliothèques territoriales en particulier visent à toucher un public aussi large que possible, pourquoi s'étonner que l'offre proposée tienne compte des spécificités d'un pourcentage tristement important de ces citoyens.

Les intervenants de cette table ronde ont souligné l'intérêt que représentait cette nouvelle offre pour les usagers concernés ; la bibliothèque comme lieu de convivialité et de sociabilité, pouvant agir comme un frein à l'exclusion. Les actions possibles concernent bien sûr les collections, avec le développement de fonds spécifiques, la mise à disposition de postes multimédia et d'accès à Internet, la formation à la recherche d'information dans le domaine de l'insertion et de l'orientation, mais aussi à l'utilisation de logiciels pour construire ses outils de recherche d'emploi (CV, lettres...), enfin la mise à disposition de ressources d'auto-apprentissage, pour aider l'usager à développer les compétences que le marché du travail lui réclame.

Loin d'être opposées, les missions culturelles et sociales sont à mes yeux complémentaires. Sans aller jusqu'à dire que la mise en place de services spécifiques au public en insertion pourrait n'être qu'un prétexte, je suis certain que ceux-ci pourraient permettre à des usagers jusque là absents de nos bibliothèques de développer, par leur intermédiaire, un usage plus traditionnel de la bibliothèque, et profiter des autres ressources, culturelles celles-là.

A lire absolument le BBF N° 2 "Bibliothèque, formation, insertion". Et, accessoirement, mesdames et messieurs les recruteurs, mon CV...

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Une réflexion sur le téléchargement (il)légal


Un mot à l'occasion du vote par 16 députés le 2 avril dernier du projet de loi Création et Internet, aussi appelée loi HADOPI.

Rappelons d'abord que lors de ce vote, un amendement réclamé par l'IABD a été voté pour rendre applicable "l’exception de reproduction en faveur des bibliothèques introduite par la loi DADVSI du 1er août 2006, assortie d’une exception de communication sur place".

Cette loi, qui s'ajoute aux sanctions pénales existantes, concerne 3 acteurs principaux ; les auteurs, victimes du téléchargement illégal de leurs œuvres sur Internet, les personnes (physiques et morales) possédant un accès un Internet, et l'acteur économique que représentent les secteurs édition / production / distribution des œuvres.

Le débat qui a lieu depuis l'annonce de la création de l'HADOPI et des sanctions progressives pouvant mener à la suspension de l'accès à Internet est vigoureux, et il n'y a aucun doute que le vote du 2 avril ne le clôt pas. La pétition organisée par le site du SVM, avec 48000 signatures à ce jour (loin tout de même des 220000 contre le fichier Edvige), mais aussi les interventions du Parlement Européen, qui a voté en avril 2008 un amendement incitant les états membres "à éviter de prendre des mesures qui entrent en contradiction avec les libertés civiques et les droits de l'homme, et avec les principes de proportionnalité, d'efficacité et de dissuasion, telle que l'interruption de l'accès à l'Internet", laissent présager des rebondissements dans les semaines et mois à venir.

Mon objectif n'est pas aujourd'hui de retranscrire ici ce débat, mais de m'interroger sur l'alternative au piratage que représente aujourd'hui l'offre de téléchargement légale offerte sur le web français. Mes recherches ont porté sur plusieurs titres de DVD, et je n'ai gardé qu'un échantillon représentatif de ces recherches. J'ai bien sûr trouvé quelques contre exemples, portant sur des titres "non commerciaux" (It's a free world de Ken Loach à 14,99 € en VOD et plus de 19 € chez Amazon) ; toutefois, la tendance est clairement à un coût au mieux équivalent et très souvent plus élevé de la VOD par rapport à l'offre d'achat traditionnel.

En parcourant une étude sur l'économie de la filière vidéo publiée en 2005 par le CNC, on ne peut que s'interroger sur cette différence de prix. Ci-dessous un tableau récapitulatif de ce coût de revient selon le CNC (page 43) :

A la lecture de ces chiffres, force est de constater que l'offre VOD est de fait dispensée des dépenses les plus élevées de ce coût de revient ; pas de frais d'authoring du DVD, pas de frais de pressage, ni de stocks ou de livraison. Avec la suppression de ces dépenses, le coût de revient passerait de 0,65 € (plancher) à 3,25 € (moyen), auquel il faudrait bien sûr ajouter les coûts propres à la mise à disposition sur Internet des fichiers de téléchargement. Comment justifier alors une telle différence de prix entre l'offre VOD et la vente au détail. Ne s'agit-il pas ici d'une incitation , au mieux, au rejet de l'offre légale de téléchargement, au pire, au piratage des œuvres ?...

Les mêmes questions se posent pour la musique (cf. cet article sur le site Pectine.com) et bien sûr pour les livres électroniques (Le Traité d'athéologie de Michel Onfray à 6.18 € en poche sur Amazon et 16,65 € sur Numilog, ou encore le Miserere de Jean Christophe Grangé à 21,76 € sur Amazon et 20,60 € sur Numilog)... A lire pour en savoir plus un billet sur le blog "De tout sur rien", un article sur le site du Syndicat National de l'Edition et la réponse au SNE par le blog Actua Litté.

Il semble aujourd'hui que, si l'Etat, avec la loi DADVSI et le projet HADOPI, s'attache, quoi que l'on pense de la méthode employée, à défendre les intérêts des auteurs, si le comportement de l'internaute "pirate", par la gravité des sanctions qu'il encourt, est clairement condamné, le seul des trois acteurs économiques concernés à ne pas se remettre en question est celui qui tire le plus de profit de la vente des œuvres (et il ne s'agit nullement des auteurs, loin s'en faut). Avec, selon les derniers chiffres clés du Ministère de la Culture, un chiffre d'affaire de 1.5 milliard d'euros en 2007 pour la vente de vidéogrammes, cet acteur protège clairement ses intérêts, et il semble que l'offre VOD soutienne et renforce cette ignorance de l'évolution des modes d'acquisitions des œuvres et cette protection d'intérêts financiers majeurs des distributeurs traditionnels, sans qu'aucune remise en question des pratiques ne soit seulement envisagée. A quand une offre VOD qui représente une vraie alternative aux circuits traditionnels de distribution mais aussi aux nombreuses possibilités de téléchargement illégal offertes à tout internaute ?

Quelques lectures complémentaires sur le projet de loi HADOPI ;

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9 mars 2009

Salon du livre 2009


Une table ronde de l'ENSSIB et du BBF, dont s'est déjà fait l'écho le blog "Bibliothèque = Public", portera lundi 16 mars sur le thème suivant ;
"Les bibliothèques actrices de la citoyenneté : leur rôle dans l’intégration, la formation et l’insertion".

J'ai déjà abordé ce sujet, qui m'est cher, dans deux précédents billets, l'un présentant 3 exemples de fonds thématiques sur l'emploi et la formation, l'autre portant sur la création d'une sitothèque pour l'emploi. Pour les compléter, voici quelques exemples supplémentaires de réalisations dans ce domaine ;

A la Médiathèque Boris Vian de Chevilly-Larue dans le Val de Marne, un service "emploi-formation" présenté dans cette plaquette.

A Rilleux la Pape, (Rhône), une bibliographie à disposition des usagers.

A la Bibliothèque Départementale d'Ille et Vilaine BDIV, une sitothèque en ligne ainsi qu'un fonds prêté aux bibliothèques adhérentes, comme à Saint Nicolas de Redon par exemple.

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Musique numérisée par la bibliothèque


Je découvre en consultant la documentation du logiciel OPSYS Aloès une fonctionnalité vraiment intéressante : la discothèque numérique avec le module "Polyphonie". La médiathèque numérise son fonds de CD audio, et les usagers peuvent les écouter sur place à partir des postes informatiques ou de bornes audio.

Dans le numéro 53 d'avril 2004 de sa lettre d'information, Opsys précise que cette mise à disposition des ressources musicales a fait l'objet d'un accord avec la SACEM, et il semble que cela fonctionne, comme à la médiathèque de Béziers, qui présente ce service d'écoute sur place sur son portail. Ça date de 2004, année de référence pour le débat sur la loi DADVSI... D'après le site de l'ACIM, "la loi DADVSI permet la numérisation du fonds à des fins d’archivage local et la diffusion sur postes d’écoute individuelle, en l’occurrence les bornes tactiles."

Oui mais... Qu'en est-il des DRM et des protections contre la copie dont sont équipés une majorité de CD audio ? Je crois avoir lu quelque part qu'une adaptation de l'interdiction de lever les mesures techniques de protection était prévue ; il était question qu'une autorité de régulation interviendrait pour lever cette protection... Je ne sais pas très bien ce qu'il en est aujourd'hui, mais je déduis des expériences menées à Bézier, Biarritz, Antibes, Sarreguemines, etc. que le problème est réglé (?)...

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16 février 2009

Mise en ligne de PMB

Mon SIGB est en ligne ! C'est ici. Après plusieurs vaines tentatives, un appel au secours sur la Mailing List de PMB et la consultation de multiples forums, je suis parvenu à mettre en ligne le logiciel PMB et ma base de données. J'ai créé un hébergement sur Free, qui permet la prise en compte de MySql, puis ai téléchargé en ligne le logiciel PMB avec l'utilitaire FTP FileZilla, et ai transféré ma base de données en utilisant EasyPhp et PhpMyAdmin. Résumé de cette façon, ça paraît simple, mais ça ne l'était pas...

La coexistence de deux bases de données, l'une en locale l'autre en accès distant pose quelques questions. D'abord celle de cette coexistence même : pourquoi garder une configuration locale ? Il semble que sur Free, la fonctionnalité de sauvegarde ne fonctionne pas. La fonction "exportation" de MyPhpAdmin permet toutefois d'exporter l'intégralité des tables, en format SQL, tables qu'il est ensuite très simple de ré-importer par le même utilitaire. Dans le cas d'une coexistence de deux bases, l'une en local, l'autre sur Internet, se pose le problème de la gestion des contributions des internautes dans l'OPAC ; suggestions, commentaires, réservations, etc... En conservant deux versions parallèles, il faut transférer les tables contenant ces contributions (après les avoir repérées...) d'Internet vers la base locale, puis les gérer en local, puis re-transférer la base locale vers Internet... Enfin, dans une configuration "réelle" (par opposition à ma configuration qui totalise 185 notices seulement), le transfert régulier d'une base risque de prendre du temps ; certes après la première importation en ligne, il est toujours possible d'utiliser la méthode "update" pour l'importation, mais dans le contexte de l'activité normale d'une bibliothèque, cela reste fastidieux, et augmente encore le délai entre la saisie de nouvelles acquisitions dans le catalogue et la disponibilité de celles-ci dans l'OPAC en ligne. Pour toutes ces raisons, je retiens l'option d'une seule version, celle en ligne, avec des exports réguliers de la base pour conserver en local toutes les données.

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1 février 2009

Bibliothèque et auto-formation

Je viens de parcourir une étude sur la place de l'auto-formation en bibliothèques publiques (« Construire une offre d’Autoformation en bibliothèque publique », par Joël Carré, mémoire d'étude publié en mars 2008 et consultable sur la bibliothèque numérique de l'ENSSIB), sujet qui m'intéresse tant par mon projet que par mon parcours... Dans ces nouveaux usages des bibliothèques dont on parle tant, celui de l'auto-formation semble ne démarrer que doucement en France, alors qu'au Royaume Uni par exemple, le partenariat bibliothèques / Open University (équivalent britannique de notre CNED) est depuis longtemps construit et opérationnel. La notion de bibliothèque comme lieu ressource pour qui veut apprendre n'est pas nouvelle en soi ; que des outils appropriés et de qualité déclinent concrètement cette notion est, semble-t-il, plus novateur et moins répandu que l'on ne croit.
Il existe pourtant des exemples réussis un peu partout en France - l'espace auto-formation de la BPI à Paris ou de la Bibliothèque des Sciences et de l'Industrie à La Villette - mais aussi des initiatives régionales très abouties ;
pour ne citer que quelques exemples...

Avant de se lancer dans un projet de mise à disposition de nos usagers de ressources d'auto-formation, il me semble intéressant de préciser les contours de cette notion. Les « produits » d'auto-formation, qu'ils soient disponibles dans le commerce ou sur Internet, gratuitement ou non, sont d'une efficacité et d'une qualité très variables, c'est le moins qu'on puisse dire... Existe-t-il une personne qui soit allée au terme de sa méthode de langue ASSIMIL ? Je n'en suis pas en tous cas... Les produits vendus se contentent parfois de multiplier les supports médias de formation (audio, vidéo, texte, liens sur le net, bases d'exercices interactifs, ...) - de soigner la forme donc – en attachant parfois au contenu et surtout à son organisation moins d'importance... Or dans auto-formation, il y a formation, terme dont découlent des notions très concrètes que sont l'ingénierie pédagogique, la progression de l'apprenant, les objectifs, les évaluations formatives et sommatives, ... Il ne suffit pas de proposer à l'apprenant le contenu (même sous des formes attrayantes et ludiques), le formateur, absent de fait dans ces supports d'apprentissage, doit être « remplacé » par le caractère pédagogique du document.

Quel rôle peut donc avoir le bibliothécaire dans un service (ou pôle, espace, point, carré...) d'auto-formation proposé par une bibliothèque à ses usagers ?

Pou tenter de répondre à cette question, je reprendrais l'excellente présentation de l'auto-formation par Philippe Carré de l'Université Paris X dans cette vidéo.
En passant par quelques unes des « planètes » de la « galaxie » auto-formation telles qu'explicitées par Philippe Carré, j'entre-aperçois un début de commencement de définition du rôle de la bibliothèque et de son équipe dans la mise en place de ce service.

L'auto-formation place l'apprenant en dehors de tout contexte éducatif, en dehors du centre de formation, de l'école ou de l'université. La bibliothèque ne peut pas se substituer à ce lieu, elle peut toutefois en proposer quelques caractéristiques, par exemple par la mise à disposition d'usuels aux apprenants ; la localisation de cet espace d'auto-formation doit à mon avis tenir compte de l'accès à ces ouvrages de référence, mais aussi de l'ergonomie du poste d'auto-formation ; un meuble bureautique en soit ne suffit pas ; il faut pouvoir prendre des notes ailleurs que sur ses genoux, feuilleter la revue ou l'ouvrage complémentaire, et même si la solution du tout informatique (le dictionnaire en ligne, l'agrégateur de presse, le bloc note personnel de l'usager sur le serveur de la médiathèque) existe, elle n'est pas forcément accessible aux bibliothèques les plus modestes, et ne répond pas toujours à la pratique d'apprentissage de l'usager, qui peut encore posséder un stylo et un bloc-note papier (oui, même en 2009 !)... Imaginer l'espace d'auto-formation comme une annexe de la bibliothèque, un local isolé du reste des collections réduit les chances de réussite de cet espace ; ce n'est que s'il est totalement intégré dans la bibliothèque, s'il utilise la bibliothèque comme contexte facilitant que ses objectifs pourront être atteints.

Cet isolement de facto de l'auto-apprenant doit aussi être pallié par la présence et la disponibilité du bibliothécaire, non comme formateur, mais comme médiateur de l'outil d'apprentissage ; l'utilisation d'un tutoriel en ligne d'initiation à l'informatique sous-entend un minimum de compétences informatiques, celles-là justement que l'on souhaite acquérir ; le bibliothécaire peut/doit intervenir dans l'appropriation de l'outil d'apprentissage, pour, une fois encore, rompre la « solitude » de l'apprenant. Il intervient alors dans ce que Philippe Carré appelle le développement des stratégies d'apprentissage, la dimension cognitive.

Toujours dans cet esprit, et même si l'on s'éloigne dans ce cas de l'auto-formation à proprement parler, les ressources d'auto-formation peuvent être mises à disposition des formateurs eux-mêmes ; les multiples expériences menées avec les APP (ateliers pédagogiques personnalisés), les AFB/RSB (ateliers de formation de base / ré-apprentissage des savoirs de base), ou encore les dispositifs de l'ACSE pour l'apprentissage du FLE, ont montré que la bibliothèque avait pleinement son rôle dans le développement de partenariat avec des acteurs de la formation et dans la mise à disposition de ces partenaires de ressources pédagogiques et de lieux d'apprentissage.

L'espace d'auto-formation et la bibliothèque ne sont pas des offres parallèles mais complémentaires ; l'apprenant qui vient à la bibliothèque sur le conseil de son formateur pour utiliser telle ressource dans le cadre de sa remise à niveau en français va évoluer dans la bibliothèque, traverser tous ses espaces, côtoyer les collections ; voici un usager de plus. L'usager traditionnel, qui passe tous les samedi pour rendre et emprunter un DVD et 2 livres va observer les utilisateurs de l'espace auto-formation, il va lire les affiches et brochures qui le présentent et en font la promotion ; il a alors la possibilité de s'engager dans un nouvel usage de sa bibliothèque.

Pour finir dans cette tentative de définition du rôle du bibliothécaire dans la mise à disposition de ressources d'auto-formation, je parlerai d'une mission ô combien familière... le choix, la sélection des documents. J'aurais même pu commencer par là ! C'est bien là l'un des axes centraux du métier, celui de constituer un fonds, une collection, qu'il s'agisse de livres, de DVD, de revues, ou ici de produits d'auto-formation. Or si cette tâche n'est pas simple pour les collections traditionnelles de la bibliothèque, elle ne l'est certainement pas plus pour ces documents. Je cherche aujourd'hui à construire une offre d'auto-formation gratuite sur Internet ; les ressources sont innombrables, de professeurs en activité ou à la retraite qui y vont de leur page personnelle ou de leur blog pour mettre en ligne leurs cours, aux institutions comme Médiadix bien sûr, mais également le portail Télé-formation et savoirs (TFS) de l'AFPA, le Canal U, vidéothèque numérique de l'enseignement supérieur... L'offre est morcelée, diffuse, mal définie, et le travail de sélection est d'autant plus ardu.

Les critères de choix ici devront porter à la fois sur le contenu, la forme et la pédagogie des outils. Sur le contenu, comme on le lit souvent dés que l'on parle d'Internet, celui-ci varie considérablement en qualité ; s'attacher à l'origine de ce contenu, la connaissance des auteurs de la ressource, leur compétence pédagogique peut être un premier filtre. Sur la forme, l'ergonomie du site Internet et la qualité de la navigation seront des éléments à prendre en compte également, pour que l'usager ne soit pas tenu de suivre une formation à l'outil lui servant à se former... Sur la pédagogie, la hiérarchisation des apprentissages, leurs décompositions en objectifs précis, mesurables par des évaluations de qualité seront bien sûr des caractéristiques à privilégier. Le suivi individuel de l'apprentissage est impératif pour que l'apprenant puisse se situer dans sa progression ; un site où l'on créé son compte, où l'on accède à l'historique des cours suivis, où l'on se positionne au préalable (évaluation diagnostique) puis au fur et à mesure des apprentissages (évaluation formative) puis au terme de l'apprentissage (évaluation sommative) a toutes les chances d'être un site « sérieux » ; Télé-formation et Savoirs de l'AFPA en est l'exemple (ou peut-être même le modèle !).

Je conseille la lecture régulière du blog « Websitothèque : ressources numériques d'auto-formation » et de ces prédécesseurs ici et qui assurent une veille exemplaire et très complète de ce qui se fait de mieux (ou pas...) en matière d'auto-formation (gratuite) en ligne.

Je renvoie également au site des P@T, Points d'accès à la téléformation, implantés un peu partout en France, nés de partenariats entre AFPA, Greta, CNAM, APP... et que des bibliothèques peuvent accueillir (exemple de Locminé dans le Morbihan qui accueille 4 postes P@T).

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31 janvier 2009

Charte des collections


Comment définir la charte documentaire d'un établissement ? Comment concevoir et rédiger une charte documentaire ? A quoi sert elle ?

Voici quelques unes des questions que je me pose lorsque je consulte, dans les offres d'emploi actuellement diffusées, les postes de responsable de médiathèque existante ou liés à la création d'un établissement, de taille modeste, cela va de soi... Le bibliothécaire est alors seul personnel qualifié dans la structure, et il lui incombe de définir sinon les missions de la bibliothèque, en tout cas la déclinaison de ces missions dans la pratique documentaire de la structure, en particulier dans le domaine des acquisitions.

Pour m'éclairer dans cette réflexion et répondre à mes questions, j'ai consulté plusieurs chartes, disponibles sur Internet, de structures de taille moyenne et petite, et tenté de tirer quelques grandes lignes de mes lectures.

Les chartes commencent pour la plupart d'entre elles par un préambule général sur la mission de la structure, parfois une présentation de son contexte (la commune, la population, les locaux, le réseau documentaire ou culturel, etc.) et une présentation du fonds existant. Puis sont présentées les textes « fondateurs » sur lesquels s'appuie la politique d'acquisition ; manifeste de l'UNESCO, charte du CSB, code de déontologie de l'ABF, mais aussi code de la propriété intellectuelle, loi Gayssot, loi sur les publications destinées à la jeunesse... Dans certaines chartes, à défaut de citer les textes de loi, un paragraphe précise les exclusions, paragraphe dans lequel sont généralement cités les ouvrages à caractère diffamatoire, violent, pornographique, incitant à la haine ou à la discrimination, etc.

Sont ensuite détaillés les principes d'acquisition ; les responsabilités (l'équipe, le responsable...), les outils et les critères de choix (revues professionnelles, niveau des publications, qualité, pluralité, diversité), les sections (adulte, jeunesse), les types de documents (livre, CD, DVD, ...).

Le désherbage, le réassort, la gestion des dons, l'évaluation des collections sont également, selon le degré de précision des chartes, détaillés.
Enfin, on trouve quasiment systématiquement un paragraphe concernant les modalités d'acquisitions, qui fait mention en particulier des marchés publics, du choix des fournisseurs, etc.

En résumé, un plan « standard » pourrait donner ceci ;

Préambule : objet de la charte des collections
  1. Contexte
    La municipalité, l'intercommunalité (si pertinent), les partenaires locaux de la bibliothèque, la population.
  2. Les missions de la bibliothèques
    Missions générales (référence aux textes fondateurs) et « locales ».
  3. Les collections
    Le fonds existant, description des secteurs couverts, de l'accès aux collections, de la répartition par -section, - disciplines, - type de documents.
  4. Les acquisitions
    Responsabilités ; équipe, comité d'acquisition, ...
    Outils ; revues spécialisées, Internet
    Suggestions des usagers (modalités de traitement)
    Critères de sélection et d'exclusion (référence aux textes de loi et autres textes comme la politique d'acquisition en 12 points de l'ABF)
    Répartition projective par -section, - disciplines, - type de documents des acquisitions
    Modalités d'acquisitions ; rappel sur les marchés publics
  5. Vie des collections
    Désherbage (méthode IOUPI)
    Réassort
    Nombre d'exemplaires par titre
L'utilité de cette charte ? Elle me paraît indispensable, en particulier dans de petites structures où les choix, en raison des contraintes budgétaires, sont d'autant plus significatifs et importants. Cette charte doit être à la disposition des usagers (à la bibliothèque, sur le site Internet) et on peut y faire référence, lors notamment des réponses aux suggestions. Elle peut être utile aussi sans doute à l'équipe elle même, dans les débats qu'elle peut avoir en interne sur certains achats. Il me semble aussi important qu'elle soit révisée régulièrement, en tout cas remise en question ; certaines chartes consultées précisent leur durée de validité (3 ans ici, 6 ans ailleurs).

Sa validation par le Conseil Municipal ou/et le Maire est fréquente dans les exemples consultés et il est en effet intéressant d'impliquer les élus dans cette charte, ne serait-ce pour partager avec eux la conscience du travail de sélection qui s'impose au bibliothécaire. La référence aux textes de loi et aux charte/manifeste/code des bibliothèques publiques permet de valider l'impartialité impérative de la bibliothèque et de son équipe.

  • Quelques unes des chartes consultées sur Internet ;
Ploufragan (Côtes d'Armor - 11000 habitants)

Lamotte-Beuvron (Loir et Cher - 4500 habitants)

Herblay (Val d'Oise - 1800 habitants)

Fleury les Aubrais (Loiret – 21000 habitants)

Bibliothèque Départementale d'Ille et Vilaine

  • Quelques lectures sur le sujet ;
Définition et mise en œuvre d'une politique documentaire
J.–L. Gautier-Gentès

Les plans d'achats, Bibliothque Municipale de Brest
Article paru dans le Bulletin des Bibliothèques de France T. 44, n° 2, 1999.

Développement et Evaluation des collections dans les bibliothèques publiques : quelles pratiques et quels enjeux ?
Par Collanges Philippe, Kontogom Marie, Lambert Bertille
Mémoire de recherche (2005) disponible dans la bibliothèque numérique de l'ENSSIB.

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Aides en ligne (... suite ...)

En parcourant le blog et le site de la médiathèque de Chirens (Isère), je viens de découvrir des tutoriels sous forme de vidéos en ligne, accessibles juste en dessous du champ de recherche simple dans le catalogue. Une façon originale et plutôt efficace de proposer une aide en ligne à moindre coût (humain notamment).

C'est ici.

26 janvier 2009

MoCCAM et PMB

Ça y est ! Je suis expert en catalogage... Enfin pas tout à fait, plutôt en téléchargement de notices. J'ai créé un compte sur MoCCam en ligne, et suis parvenu à télécharger des notices à partir de numéros ISBN et à les importer ensuite dans mon SIGB, PMB en l'occurrence.

C'est d'une simplicité enfantine et si PMB m'envoie quelques messages d'erreur au premier chargement du fichier, cela marche parfaitement au second essai. J'imagine déjà l'intérêt que cela peut représenter dans le cadre d'une première informatisation d'un fonds !

Certes, quelques ajustements restent nécessaires ; les notices ne sont pas toutes complètes, il faut souvent reprendre l'indexation (pas tant pour le choix des mots que pour des problèmes d'espaces trop nombreux ou de séparateurs entre les mots), on a parfois quelques problèmes de caractères accentués et il subsiste quelques incohérences dans les autorités (notamment pour les maisons d'édition et les collections).

Ceci dit, quel gain de temps ! Pour les notices les plus complètes, il suffit de vérifier l'indexation analytique et l'indice Dewey. Mais pour le reste, c'est de l'UNIMARC pur jus, une description fine (merci aux catalogueurs de la BnF), un respect scrupuleux des normes ; du grand catalogage ! Pour les notices les moins renseignées, elles contiennent généralement l'auteur principal, le titre, l'éditeur, il reste alors à préciser les autres auteurs et titres, les collections, la collation, et réaliser l'indexation bien sûr. C'est plus de travail dans ce cas, mais déjà mieux qu'une notice vide.

Le site de MoCCAM en ligne est ici

Blogs en (petite) bibliothèque


Au fil de mes navigations sur Internet, je découvre de plus en plus de blogs de bibliothèques. Je ne parle pas ici de blogs de bibliothécaires publiant sur divers aspects de leur profession, mais de blogs à destination des usagers de bibliothèques.

Quel objectif peut-on donner à ces blogs, quel intérêt représentent-ils pour les bibliothécaires, pour les usagers ? Quels contenus peuvent ils proposer ?

Quelques exemples tout d'abord, volontairement choisis dans de petites structures, à l'exception du premier ;

Everitouthèque, le blog de la Médiathèque de Romans, dans la Drôme.
Ce blog, dynamique (une quinzaine d'articles par mois en moyenne), traite à la fois des actualités de la médiathèque (rubriques Agenda, Actualités), d'expositions virtuelles, de livres ou CD acquis par la médiathèque. Les commentaires ne sont certes pas aussi nombreux que les articles, mais font souvent l'objet de réponses de la part de l'équipe. Les billets sur les livres ou CD renvoient à d'autres ressources sur Internet ; la vidéo d'une interview sur YouTube, un album à écouter sur Deezer, ... Les actualités traitent d'actions conduites par la médiathèque, par exemple de lectures à voix haute à l'hôpital, etc.
C'est donc à la fois un outil d'information, de communication, et d'échanges (par le biais des commentaires) avec les usagers.

Le "blogalivresdecarlepont", blog animé par des bénévoles d'une association Horizons Culture" dans la commune de Carlepont dans l'Oise (1369 habitants).
Blog très productif pour une commune si petite, avec une quinzaine d'articles par mois en moyenne. Les articles portent sur les coups de coeurs des bénévoles ou de lecteurs, en écho à une émission diffusée sur une radio locale. Les commentaires sont rares, le dernier date de septembre 2009 et on peut s'interroger sur l'audience, pourtant méritée, de ce blog.

"Petites chroniques d'une bibliothèque", blog de la bibliothèque de Messigny et Vantoux en Côte d'Or.
Là encore il s'agit d'un exemple réussi de ce qu'une petite structure (la commune compte 1387 habitant, la bibliothèque 310 inscrits) peut réaliser. Avec un ou deux articles par mois en moyenne, le blog propose la présentation d'ouvrages récemment acquis par la bibliothèque. Une catégorie "Chroniques" permet également aux bénévoles qui animent cette structure d'évoquer le classement des livres, le travail des bénévoles, le rôle de la BDP, etc...

Le blog du réseau des médiathèques de la Presqu'île de Rhuys
Avec un à deux articles par mois, le blog présente les activités des médiathèques du réseau. Pas de rubrique dernières acquisitions ici, ni de coup de coeur du bibliothécaire, il s'agit plus d'un agenda que d'un blog. Il n'est d'ailleurs pas possible de déposer un commentaire... C'est donc plus d'une page d'informations que d'un blog qu'il s'agit ici.

Le blog de la Médiathèque de Plélan Le Grand en Ille et Vilaine.
Encore une petite structure, qui fait part sur son blog principalement de l'actualité de la médiathèque (très dynamique en matière d'expositions semble-t-il), sur la venue d'écrivains, sur le passage du bibliobus, sur l'actualité littéraire. Avec 2 à 3 articles par mois, pas de commentaires d'usagers, le blog n'en reste pas moins une vitrine intéressante sur l'activité de cette médiathèque d'une commune de 3300 habitants.

Blog Coup de coeurs des lecteurs de la Bibliothèque Municipale de Chirens, dans l'Isère.
C'est à mon avis l'idée qui devrait motiver la mise en ligne d'un blog ; donner la parole aux usagers. La bibliothèque de Chirens (1889 habitants) a mis en place ce blog à l'été 2007 et avait à l'origine pour objectif de publier les email d'usagers sur leurs coups de cœur. A quelques exceptions prêtes, il semble que ce soit le bibliothécaire qui assure la rédaction des billets, faute sans doute de contributions. Pourtant, la possibilité offerte par Blogger d'envoi d'emails qui sont reçus directement dans la liste de messages du blog, que l'auteur peut ensuite valider avant publication, répond bien à cet objectif très contributif (donc très Web 2.0) du blog.

Ces navigations suscitent plusieurs réflexions ; d'abord que l'information descendante ne devrait pas être l'objectif premier d'un blog. Je pense en effet qu'une page Internet, celle de la bibliothèque par exemple, est plus appropriée pour présenter ses actualités ou son agenda. Des renvois du blog vers cette page d'actualités sont toujours possibles. L'information descendante ne permet pas ou peu l'interactivité. L'intérêt du blog à mes yeux est qu'il peut devenir un lieu d'échanges entre la bibliothèque et ses usagers ; quel meilleur terreau d'échanges que le point de vue, le coup de cœur, l'opinion... L'annonce de telle conférence ou l'information sur les nouveaux horaires d'ouverture n'appelle pas le débat...

Ensuite, que l'aspect contributif du blog doit être privilégié, et soutenu par une communication de tous les instants ! L'adresse du blog qui figure sur la carte de l'emprunteur, l'invitation à donner son avis sur la fiche de retour glissée dans le livre au moment de l'emprunt, une ou plusieurs affiches dans la bibliothèque, l'implication du club de lecteurs, mais aussi des partenaires (de l'école à la maison de retraite...). Et pourquoi pas une inscription gratuite à la bibliothèque pour le blogueur le plus prolixe ?...

Enfin que le blog peut facilement devenir une source documentaire à part entière, et que les renvois vers des sites Internet, des vidéos, de la musique en ligne, des pages d'auteurs, etc... confère au blog un usage supplémentaire d'information sur le fonds de la bibliothèque. Que ces liens soient proposés par les bibliothécaires, ou, mieux encore, par les usagers.

A lire sur le sujet ;

Enquête sur les blogs en bibliothèque

Typologie et usage des blogs en bibliothèque(s)

Un article sur le blog de la Bibliothèque apprivoisée

Et le blog Tutti Frouti, "Le portail des blogs de bibliothèques publiques qui parlent à leurs usagers" (Merci à Insula Dulcamara)

Un point sur les aides aux bibliothèques


  • Dotation Générale de Décentralisation (DGD)
Disparition en 2006 des 2 concours spécifiques (BM et réseau départemental) au profit d'un seul concours pour les dépenses d'investissements en matière de bibliothèque publique, composé d'une fraction destinée aux projets de petites et moyennes bibliothèques, et d'une autre (15% du montant global) consacrée à des projets d'intérêt national ou régional.

80 M€ en 2008
82 M€ en 2009

Les demandes de subvention sont instruites auprès des DRAC et des conseillers régionaux du livre et de la lecture.

En naviguant sur le site de la DRAC Bretagne, la première aide concerne l'extension ou la création de bibliothèques ; elle peut aller de 20 à 30% du montant des travaux HT, et 30 à 40% pour l'équipement mobilier et matériel.

La seconde aide porte sur l'équipement informatique d'une bibliothèque, tant sur l'informatisation documentaire que sur la création d'un espace multimédia par exemple. Elle peut aller jusqu'à 40% du montant subventionnable hors taxe.

Pour ces deux aides, il existe toujours des critères liés aux équipements mis en place, en terme de superficie par habitant (0.07 m² par habitant, avec une superficie minimum de 100 m²), de personnel qualifié en place, de budget d'acquisition par habitant.


  • Les aides du Centre National du Livre
13,7 M€ en 2008
13,9 M€ en 2009

Les aides portaient précédemment sur 3 grands chapîtres ; la création ou l'extension de bibliothèques, la création ou le développement de fonds thématiques, l'aide au développement de réseaux départementaux.

Les nouvelles aides portent désormais uniquement sur les acquisitions et le fonds documentaire. La première est une aide aux acquisitions thématiques ; "elle vise à accompagner des projets d’acquisitions de livres et revues en langue française choisis dans les champs documentaires couverts par les commissions thématiques du CNL". Le projet d'acquisition doit atteindre un montant minimum de 2000 €.
La seconde aide porte sur la constitution d'un premier fonds, lors de la création ou l'extension d'une bibliothèque, "couvrant la totalité des champs documentaires des commissions thématiques du CNL".

Les champs documentaires en question sont les suivants ; littérature classique et critique littéraire, littératures étrangères, art et bibliophilie, littératures de jeunesse, histoire-sciences de l’homme et de la société, littérature scientifique et technique, bande dessinée, philosophie, théâtre et poésie.

Les critères fixés pour l'éligibilité à ces aides sont ; un personnel formé, un accès libre aux collections, et un budget annuel d'achat d'imprimés correspondant à un minimum de 2€ par habitant pour les bibliothèques municipales.

Si je prends l'exemple d'une commune de 5000 habitants, qui a décidé de transférer sa bibliothèque associative dans de nouveaux locaux et par là même de créer une bibliothèque municipale, cela signifie que cette bibliothèque doit impérativement prévoir un budget de 10000 € uniquement pour l'acquisition de livres ou de périodiques, auquel devront s'ajouter les budgets des autres supports.

Sur les thématiques retenues par le CNL, elles me paraissent correspondre à une volonté louable de privilégier l'ambition culturelle et l'exigence de qualité auxquelles, par principe, une bibliothèque publique doit adhérer.

Pourtant, dans des choix budgétaires serrés et contraints par une conjoncture assez exceptionnelle, il me semble dommage de ne pas tenir compte de certains choix "par défaut" que certaines structures, les plus petites, peuvent être amenées à faire. Lors d'une création, on peut imaginer que développer un fonds d'usuels à destination des publics scolaires favorisera la fréquentation de la nouvelle structure et répondra de façon très pragmatique à un usage pour le moins consensuel de la bibliothèque publique ; les subventions excluent toute acquisition de dictionnaires ou encyclopédies.

On pourrait imaginer également le développement d'un fonds local ou régional ; cette thématique n'est pas retenue par le CNL.

Le développement d'un fonds de "livres d'art et bibliophilie" n'est, là non plus, peut-être pas, compte tenu du coût élevé de ces publications, la priorité absolue d'une petite structure venant de se créer...

13 janvier 2009

Aides en ligne (suite)

Juste un mot pour compléter le billet précédent et mentionner la mise en ligne d'un didacticiel de recherche bibliographique sur le site de la BnF, commenté sur le blog Bibliothèque = Public. Comme le fait remarquer JC Brochard, un didacticiel de 6 minutes sur la recherche simple du catalogue de la BnF révèle surtout la complexité de l'interface, et une simplification / modernisation de celle-ci serait sans doute plus directement efficace pour faciliter la recherche d'un utilisateur lambda. Pourtant, je trouve le didacticiel, compte tenu de la complexité de la recherche, plutôt bien fichu.

Une réserve, l'accès à ce didacticiel ; je reproduis ci-dessous la barre en haut à droite de l'écran qui permet d'accéder au didacticiel ; le moins qu'on puisse dire, c'est que cela ne va pas de soi (j'ai ajouté la flèche rouge) ! Je précise aussi que je n'ai pas trouvé le lien vers ce didacticiel à partir de l'aide contextuelle... Et puis, ne présenter que les recherches par titre et auteur, et faire l'impasse sur la recherche par sujet, quel dommage !

En tout cas, quand on le trouve, le didacticiel fait son office, et me paraît excellent pour les usagers peu à l'aise avec les catalogues de bibliothèques. Quand à savoir si ce sont ces usagers là qui fréquentent la BnF...

Le lien vers le didacticiel est ici.