23 mai 2008

Loi DADVSI

Un point sur la loi DADVSI est nécessaire si je veux garder mon calme (tout relatif), en particulier mercredi lors de l’épreuve du questionnaire (on dirait presque une torture du moyen âge…). Je suis presque certain que la loi DADVSI sera au programme cette année.

D’abord sa date et son origine ; votée et promulguée en août 2006, la loi transpose dans le droit français une directive européenne visant à harmoniser le droit de la propriété intellectuelle dans la CE. Je ne reviendrais pas sur les débats précédant le vote, sinon pour dire que, d’après ce que j’ai compris dans la profusion littéraire sur ce thème, le législateur français avait pris le parti de ne prévoir aucune exception pour les bibliothèques, alors même que la directive européenne les encourageait ! Il s’en est fallu de peu, car c’est en toute dernière lecture qu’a en effet été ajoutée l’exception tant souhaitée par les professionnels.

Le contexte dans lequel a été voté la loi – émotions justifiées (sans doute) des distributeurs de musiques et de films victimes du piratage - a vu s’affronter les partisans de la licence globale, qui prévoyaient, très schématiquement, une rétribution forfaitaire (prélevée par exemple sur les FAI ou sur les supports de copie) en contrepartie d’une liberté de circulation des œuvres, et les partisans d’une stricte limitation de la circulation des œuvres en dehors de l’exploitation commerciale autorisée, voir d'une remise en question de la copie à titre privé.

Que dit la loi ; elle applique en fait le droit de reproduction aux « droits voisins de la société d’information », c’est à dire principalement aux documents numériques ; je parle bien ici de format, et non seulement de support, puisque les données numériques en ligne, donc immatérielles, sont directement concernées.

La loi interdit la copie de ses œuvres sans accord préalable des auteurs ou ayants droit sauf, pour ce qui nous concerne, dans trois cas ;

  • à des fins de conservation et de consultation sur place dans le cas ou le document original est menacé,
  • à des fins de communication à un public handicapé, sous réserve que la bibliothèque soit « préalablement agréée par l’autorité administrative (?…) » et d’un taux d’incapacité minimum du destinataire de la copie,
  • à des fins pédagogiques et de recherche pour des extraits d’œuvres à destination d’un public d’enseignants, étudiants ou élèves.

Ces trois exceptions sont applicables sous réserve de passer le test des 3 étapes ;

  • être prévue par la loi (ou être restreint à des cas spéciaux selon les sources),
  • ne pas porter atteinte à l’exploitation de l’œuvre,
  • ne pas représenter un préjudice injustifié (existerait-il un préjudice justifié ?) aux intérêts légitimes (ou bien encore des intérêts illégitimes ?) de l’auteur.

Un détail (une broutille) vient encore compliquer le tout ; les exceptions n’autorisent par le contournement des mesures techniques de protections intégrées au support de l’œuvre. Une Autorité de régulation sur les mesures techniques veillerait en fait à autoriser la levée de ces mesures de protection, après avoir été saisie, si je comprends bien, par la bibliothèque souhaitant effectuer la copie de l’œuvre.

La loi traite également du dépôt légal des œuvres numériques (je parle encore du format), pour lesquelles elle autorise la copie à des fins de conservation et de communication sur place. Cela concerne particulièrement le dépôt légal des sites Internet du domaine .FR à la BnF.

Toujours en ce qui concerne les bibliothèques, un nouvel article reconnaît aux agents publics la qualité d’auteur ; ceci veut dire que si je suis amené à réaliser un catalogue pour l’exposition dont je suis responsable dans la bibliothèque qui m'emploie, le « principe général d’intéressement » s’applique, et je serais récompensé pécuniairement du succès de mon œuvre…

Pour finir sur ce thème, précisons que la loi s’efface devant le contrat. Si ma bibliothèque télécharge à partir de Cyberlibris ou de Numilog un livre numérique, je ne peux opposer les exceptions prévues par la loi DADVSI au contrat qui stipule que je ne peux en aucun cas dupliquer l’œuvre téléchargée. Il en va de même pour les agrégateurs de presse, les sites de vidéo à la demande (VOD), etc…

A lire absolument, le dossier de conservateurs stagiaires de l'ENSSIB sur les conséquences de la loi DADVSI sur les bibliothèques.

22 mai 2008

Projections...

...dans mon métier et la bibliothèque de mes rêves...
J'ai visité virtuellement aujourd'hui quelques bibliothèques qui donnent véritablement envie ! Envie au non usager d'entrer pour la beauté des lieux et au bibliothécaire d'évoluer quotidiennement dans un tel environnement...

Voici les sites :
La médiathèque des Champs Libres à Rennes (BMVR)
La (ma) médiathèque de l'agglomération troyenne (BMVR)
La bibliothèque municipale de Saint Germain en Laye
La bibliothèque francophone multimédia de Limoges (BMVR)

C'est superbe, en particulier Saint Germain en Laye et Rennes.
A vrai dire, je ne rêve pas vraiment d'y travailler ; c'est trop grand. Trop d'espace, d'usagers, de personnel ; j'imagine, peut être à tort, qu'un ATQCPB doit y avoir des tâches très cloisonnées, répétitives, limitées à son cadre d'emploi, sans beaucoup de prise d'initiative... Je regrette que la médiathèque de Lannion (22) ne propose pas de visite virtuelle de ses superbes locaux. Située dans un ancien couvent je crois, le bâtiment extérieur, un peu austère, abrite un lieu lumineux, spacieux, coloré, convivial, avec une équipe accueillante, des collections riches, des espaces bien identifiés, une atmosphère propice au travail et à la lecture... Mon idéal de bibliothèque !

Rapport Livre 2010

Je viens, il était grand temps, de parcourir le rapport de Sophie Barluet intitulé « Livre 2010 » et publié en juin 2007. J’en ai profité pour visualiser sur le site du CNL quelques unes des interventions tenues au colloque de février 2007 qui a précédé la rédaction du rapport.

La force du rapport et des nombreux travaux qui y ont abouti réside principalement à mon avis dans le fait que l’avenir du livre y est traité de tous les points de vue des acteurs de la chaîne du livre ; auteurs, éditeurs, libraires et bibliothécaires. Une intervention portant sur la médiation soulignait celle effectuée par l’éditeur dans la lecture et le choix des manuscrits, du libraire dans la sélection de livres proposés à la vente, et celle du bibliothécaire bien sûr, qui m’est plus familière.

Les travaux (tables rondes et colloque) ont traité de l’avenir du livre en particulier au regard de l’évolution du numérique et de l’émergence d’une nouvelle économie du livre qui en découle.

Le rapport décline ainsi 50 propositions du livre, en reprenant chaque secteur de la chaîne du livre comme destinataire de ces mesures ;

  • la création, avec le soutien aux auteurs, traducteurs et illustrateurs, à leur couverture sociale,
  • l’édition, avec le soutien aux petites maisons d’éditions, la défense du livre français à l’étranger, mais aussi le soutien à la numérisation d’ouvrages soumis au droit d’auteur et la définition de conditions satisfaisantes de diffusion de ces ouvrages,
  • les librairies, avec la création souhaitée d’un label de la Librairie Indépendante de Référence LIR, et plus généralement le soutien financier aux libraires
  • les bibliothèques enfin, avec des aides à la valorisation du patrimoine écrit et à sa numérisation en région, avec l’objectif global de réduire la fracture sociale liée à la lecture publique, en élargissant les horaires d’ouvertures, en rapprochant bibliothèques municipales et universitaires, en développant la notion de services publics multiples pour les bibliothèques de proximité…

La naissance du Conseil du Livre, annoncée ces derniers jours, voit la création d’un organe interprofessionnel et interministériel dont l’objectif sera de débattre, mener des études et mutualiser les pratiques les plus intéressantes pour les métiers du livre.

En ce qui concerne les bibliothèques, je m’arrêterais sur les deux propositions fortes d’ouverture le dimanche (proposition 31) et des « maisons de services publics » (proposition 33).

L’ouverture le dimanche fait, c’est peu dire, débat au sein de la profession. Je consultais il y a peu quelques échanges sur le sujet sur Biblio-online, et les inquiétudes sont fortes et à mes yeux légitimes. Aussi légitime que l’intérêt pour l’usager que je suis d’accéder à la bibliothèque publique le dimanche…

Que dit le rapport ? D’abord qu’avec un moyenne nationale de 20 heures hebdomadaires d’ouvertures, la France est loin derrière ses collègues européens, qui ont depuis de nombreuses années des ouvertures élargies, et pas seulement pour quelques établissements phares. Après ce constat culpabilisant (mais pourquoi n’a-t-on pas élu Tony Blair en 2007 ?!) sur le modèle parfait anglo-saxon, le rapport développe une piste intéressante et inquiétante à la fois, celle de l'emploi des étudiants pour l’ouverture dominicale. Intéressante parce que nombreux sont les étudiants à rechercher un salaire, même modeste, pour financer une partie de leurs études. Inquiétant parce que la question de la qualification et du rôle du bibliothécaire est absente du rapport ou presque ; qu’en est il de la nécessaire formation de ces étudiants à la médiation propre aux bibliothèques ? Que fait on dans les petites structures, avec 5 ou 6 agents qualifiés, puisque le rapport précise que le travail étudiant viendrait compléter la présence de titulaires ?

Les choses méritent vraiment une clarification. Je suis personnellement intéressé par le travail le dimanche (un salaire revalorisé, je n’ai pas de charge de famille, et je suis fan de Gréco chantant « je hais les dimanches ») mais… Cette ouverture me paraît soumise à des préalables importants ; la formation des étudiants salariés ; une formation réelle, pas de pure forme, qui garantisse un service public de la lecture. Le volontariat comme condition sine qua non au travail de titulaires le dimanche. L’évaluation d’un tel dispositif ; nous apporte-t-il de nouveaux lecteurs ? Ou permet il « seulement » aux habitués d’étaler leur fréquentation ?

La réflexion, importante, reste à mener sur ce thème.

Sur le deuxième point, qui concerne l’intégration de la médiathèque dans une offre plus « polyvalente » de services publics, je suis perplexe et curieux. Perplexe parce que l’exemple cité des POMs du massif de Mouthoumet soulève quelques questions ; un employé très polyvalent remplit les fonction d’épicier, guichetier de La Poste, animateur multimédia, « prêteur de livres » plutôt que bibliothécaire… Si je trouve la proximité de services sociaux et culturels, et pourquoi pas marchands intéressante (d’où ma curiosité), je l’imagine efficace si les spécificités et plus values de chaque métier sont garanties. L’expérience des ruches, qui juxtaposent une médiathèque avec une école de musique, un office de tourisme, une permanence ANPE me séduit. En revanche, prendre un peu de ces lieux différents et les mixer en un seul ne me paraît pas garant d’un meilleur service public, au mieux d’un service public en mode dégradé répondant à des situations géographiques particulièrement contraignantes…

Il serait intéressant de voir, dans les mois et les années qui viennent, l’évolution et l’application de quelques unes des 50 propositions du rapport…

18 mai 2008

Qualité, quantité, efficience et performance

La LOLF, loi organique relative aux lois de finance, a introduit ces dernières années une nouvelle approche de la dépense publique de l’Etat. Rompant avec la tradition de renouvellement systématique à 90% des budgets octroyés l’année précédente à tel ministère, la LOLF introduit la notion d’objectifs et d’évaluation de la performance des politiques publiques, ainsi que celle de transparence vis à vis de l’organe législatif, par opposition à un budget mis en place par rapport aux moyens, comme précédemment. Ainsi, schématiquement, un budget est attribué par rapport à un objectif précis et évaluable. Cette évaluation porte sur l’efficience de l’action publique (le rapport entre les moyens mis en œuvre et les résultats obtenus), la qualité du service rendu (la satisfaction des usagers), ses impacts socio-économiques. Si aucune loi n’impose aujourd’hui ce mode de gestion budgétaire à la Fonction Publique Territoriale, nombreuses sont les collectivités territoriales qui en ont adopté tout ou partie des grands principes.

Cette nouvelle approche de la dépense publique pose de nombreuses questions liés à l’évaluation des actions publiques, dans le milieu des bibliothèques publiques comme ailleurs. La justification des dépenses nécessite aujourd’hui la mise en place de véritables tableaux de bord d’activités des services publiques. Elle pose la question de l’évaluation quantitative et qualitative des actions menées.

Sur l’aspect quantitatif, les bibliothèques publiques ont depuis longtemps rendu des comptes ; les enquêtes sur la lecture publique menées par la DLL produisent chaque année un paysage statistique de l’action des bibliothèques publiques, par le biais des enquêtes adressées aux bibliothèques et exploitées par les services statistiques de la DLL.
Les indicateurs portent sur :
  • les personnels ; en nombre, en masse salariale, en répartition personnels qualifiés et non qualifiés,
  • les collections ; volume et budget d’acquisitions, volume global des collections, diversité des supports achetés,
  • les usagers ; nombre d’inscrits dans les bibliothèques (information primordiale puisqu’elle définit la contribution forfaitaire de l’Etat aux auteurs dans le cadre de la loi sur le droit de prêt de 2003), nombre d’emprunts.
Ces éléments permettent d’obtenir un portrait quantitatif des bibliothèques publiques sur une période donnée. Elles ne contextualisent pas ces données, ni par rapport au territoire, et à la politique territoriale en matière de lecture publique, ni par rapport au temps, c’est à dire en terme d’évolution au regard des enquêtes précédentes. Elles ne portent que sur une partie des activités des bibliothèques ; elle n’évaluent pas les partenariats établis, les animations réalisées (nombre et fréquentation), pas plus que la satisfaction des usagers ou l’impact socio-économique de l’action de la bibliothèque. Dans les normes actuelles portant sur l’évaluation de la performance des bibliothèques publiques, et notamment la norme ISO 11260, ces éléments ne sont que le premier volet de cette analyse, à savoir l’existant (ressources et infrastructure) et pour partie l’utilisation faite de ces ressources.
Cette norme pose pour principe de l’évaluation de la performance trois grands axes ; objectifs, moyens et résultats, ainsi que les relations entre ces trois axes ; pertinence des moyens par rapport aux objectifs, efficience des moyens par rapport aux résultats obtenus, et efficacité globale par la mesure de l'écart objectifs - résultats. On est loin ici d’une analyse purement chiffrée de l’activité. Si les chiffres sont évidemment la source de l’analyse, ils ne sont pas l’analyse, et ce sont bien les relations entre les différents indicateurs qui permettent de mesurer non pas l’activité de la bibliothèque dans un absolu décontextualisé, mais la performance réalisée, celle-ci tenant compte pour la mesure finale du résultat des objectifs de départ et des moyens mis en place. Une performance « médiocre » nécessitera une réflexion voir une mise à plat des objectifs et des moyens. Des objectifs sans moyens ne seront pas atteints, des objectifs mal définis parce que trop ambitieux ou pas assez donneront des écarts importants avec les résultats, et nécessiteront une révision, à la hausse ou à la baisse de ces objectifs.
L’analyse de la performance devient alors un outil pour les bibliothèques dans la négociation de leurs objectifs, fixés par des non-professionnels (élus, politiques), dans celle de leur moyens. Elle devient également un formidable outil de communication et dans le meilleur des cas de valorisation des activités. Une bibliothèque pourra ainsi mettre en avant l’évaluation du coût humain sur des opérations de catalogages des documents et en comparaison le manque de moyen humain dans une autre activité afin d’obtenir de sa tutelle un budget pour l’abonnement à un service de récupération de notices bibliographiques.

Avec cette norme cependant, l’évaluation porte principalement sur des sources chiffrées au départ, rendant l’analyse des résultats, même si elle est mise en perspective avec les moyens et les objectifs, purement quantitative. L’évaluation qualitative de l’activité est également à développer, car elle vient soutenir des actions qui, bien que quantitativement négligeable, sont des actions majeures de la bibliothèque. Une activité de portage de livre à domicile ou auprès de collectivités est, les expériences le montrent, très consommatrice en moyens humains et par extension financiers. Le portage de livres auprès de familles défavorisées en secteur rural réalisé en partenariat avec ATD Quart Monde en Ille et Vilaine par exemple a concerné, la première année de sa mise en place une trentaine de familles. Dans une analyse purement quantitative, cette activité semble contraire avec l’idée même d’efficience ; une analyse fine de la satisfaction des familles concernées, mais aussi le retour des partenaires de terrain avec lesquels l’action a été menée, permet de présenter aux élus la valeur d’une telle action, son importance, et sa justification dans une politique culturelle de territoire. Elle peut permettre, idéalement en tous cas, pour généraliser son succès, la mise en place de moyens plus importants de la part de la tutelle.

L'analyse de la performance, qui se situe bien au delà d'un simple évaluation des résultats, associée à une analyse qualitative de nos services, doit permettre à la bibliothèque publique d'être confortée dans ses missions fondamentales, de valoriser son action et, c'est l'essentiel, de se projeter dans ses futures réalisations, forte de la conscience de son rôle et de son impact auprès de ses publics.

A consulter sur le sujet ; le dernier BBF 2008 - 3

17 mai 2008

Google vs Gallica 2

Sur le thème des bibliothèques numériques, il me paraît intéressant à ce stade de comparer les offres de deux grandes (par leur notoriété en tous cas) bibliothèques numériques opérationnelles et accessibles actuellement. A défaut de pouvoir utiliser la BnuE ou la WDL de l'UNESCO, j'ai choisi d'observer le service Recherche de livres de Google et la nouvelle et récente version de Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF.

Pour illustrer les différences entre les deux plate-formes, je vais m'interroger sur la provenance des collections, sur les fonctionnalités de recherche, sur l'affichage des résultats et du document.

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Google recherche de livres :
Initié en 2005, Google Print, rebaptisé ensuite Google Book Search, propose de mettre en ligne d'ici 2010, 15 millions de livres, le seul critère pour faire partie de cette bibliothèque numérique mondiale étant l'attribution d'un numéro ISBN. Google propose des livres du domaine public et d'autres soumis au droit d'auteur.

Les collections :
Les acquisitions des ouvrages se font par deux programmes.
Le programme "Bibliothèques" permet à de nombreuses bibliothèques américaines, canadiennes, mais aussi allemandes ou espagnoles, mettre à disposition de Google des ouvrages de leurs collections, qui, s'ils ne le sont pas déjà, sont numérisés par les soins de Google, et mis en ligne sur le service de recherche de livres.
Le programme "Partenaires" permet cette fois à des éditeurs de proposer leurs titres pour que ceux-ci soient numérisés (par Google) et disponibles, en intégralité ou non, sur le service.
Le principal atout de Google est cette proposition de numérisation des ouvrages proposés. En effet, quand on connaît les coûts que représente une numérisation massive de documents, quelle bibliothèque, quel éditeur peut encore hésiter devant cette opportunité unique de numérisation gratuite ?!
A aucun moment Google n'indique une quelconque politique d'acquisition ; pas de comité de sélection, de choix éditorial, de priorité thématique ; tout ce qui porte un ISBN et qui est proposé est présent sur Google Recherche de livres.
Par ailleurs, Google ne se charge pas de rechercher l'accord des auteurs pour les ouvrages non tombés dans le domaine public. C'est à l'auteur de vérifier la présence de ses oeuvres, et de contacter Google pour retirer son ouvrage de la collection. Cette pratique a suscité un véritable tollé, mais Google ne semble pas s'en émouvoir, et à créé une procédure spécifique pour le retrait par les auteurs de leurs oeuvres.

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La recherche :
Google propose un premier écran de recherche équivalent à son moteur de recherche Web, c'est à dire un seul champ de recherche qui porte sur la description du livre et son contenu ; c'est ainsi que les résultats proposent ensuite des livres et des pages de livres dans lesquelles les mots clés saisis ont été trouvés. On peut également accéder à un écran de recherche dite avancée, qui propose la gestion transparente des opérateurs booléens et une interrogation sur la disponibilité du document (intégrale ou non), la langue, l'auteur, le titre, ladate de publication, l'édition ou l'ISBN.

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La consultation :
L'affichage des résultats ressemble assez aux résultats d'une recherche sur le WEB par le moteur de recherche. Google affiche ici les livres répondant à la recherche, et affiche alors le titre, l'auteur, l'année de publication, le nombre de pages, et la disponibilité du document (affichage intégral, extraits, aperçu, notice). On trouve également dans ces résultats les pages de livres où les mots clés ont été trouvés ; aucune mention d'auteur ici, ou d'année de publication, mais un lien direct vers la page.

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Pour ce qui est de la consultation des ouvrages, l'affichage se fait en mode image (je n'ai pas trouvé dans mes recherches d'ouvrage en mode texte), avec des fonctionnalités d'affichage assez poussées telles que le zoom, la navigation page par page, l'affichage de la table des matières, la recherche dans le texte intégral, et la possibilité de sélectionner une partie de la page affichée et de la copier, au choix, en mode image ou en mode texte.
Des liens permettent également de rechercher le livre dans des librairies en ligne, ou dans les catalogues de bibliothèques (américaines).
Des messages de publicités sont affichés en bas de la fenêtre de consultation, en lien ou non avec l'ouvrage consulté.

Gallica 2

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La création de Gallica, bibliothèque numérique de la BnF, remonte à 1997 ; à l'origine, la BnF y propose la consultation de documents anciens pour la plupart, qui y ont été ajoutés dans un premier temps sous forme de dossiers thématiques (voyages en France, histoire du livre, etc.).

Les collections :
Aujourd'hui, le dernier développement consiste à proposer également des document soumis au droit d'auteur, par l'intermédiaire de librairies électroniques payantes (à la charge de l'usager) telles que Numilog ou Cyberlibris. Les acquisitions font l'objet d'une charte documentaire ; "[Gallica] évolue sans cesse suivant les principes d'une charte documentaire fixant les grandes orientations de cette bibliothèque à vocation encyclopédique." C'est une première différence avec Google, et elle est de taille ; la bibliothèque numérique Gallica définit une politique et des priorités d'acquisition, elle n'a pas pour but de proposer une masse de documents, mais elle remplit sa mission de bibliothèque publique en déterminant des choix documentaire, en privilégiant la qualité sur la quantité.
La numérisation est assurée par la BnF pour ses collections, et par les partenaires privés pour les ouvrages sous droits tirés des plate-formes externes.

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La recherche :
Comme pour Google, l'usager a la possibilité d'effectuer une recherche simple, sur un seul champ que l'on devine multi-index, à partir de la page d'accueil de Gallica. Mais dés cette page d'accueil, d'autres possibilités lui sont offertes : un accès par thèmes, qui reprend, sans les nommer, les 10 classes de la classification Dewey, ainsi qu'un accès différencié par personnalité, lieu, sujet, évènement, ... Une recherche avancé est également disponible, et les filtres, très nombreux, reprennent les champs classiques d'une notice (Auteur, titre, éditeur, ISBN) mais aussi le type de document, sa provenance, sa langue, son thème...
Là encore, c'est une grande différence avec la recherche avancée de Google ; c'est un véritable outil de recherche documentaire qui est proposé sur Gallica 2, proche de ceux que l'on trouve sur les écrans OPAC des bibliothèques publiques.

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La consultation :
Les résultats affichés correspondent aux notices des documents répondant aux mots clés saisis (de courts extraits avec les mots clés surlignés sont affichés) ; pas de simple page, chaque document fait l'objet de la même description bibliographique. Un accès à la notice complète est proposée, de même que l'accès au document. Pour ce dernier, il est précisé s'il s'agit d'un document intégral de la bibliothèque Gallica, ou s'il s'agit d'un document proposé par un partenaire extérieur, auquel cas il est précisé que la consultation s'effectue "sous conditions via" le partenaire.
Lors de ce premier affichage, il est possible d'affiner la recherche ; sur la gauche de l'écran, l'usager peut filtrer les résultats sur les ouvrages provenant de Gallica uniquement, ou publiés à telle période, ou en langue française, etc.


La consultation du document lui même est assez proche de celle de Google, sans toutefois (pour les documents consultés lors de ma recherche en tous cas) la possibilité de zoomer ou d'effectuer une copie en mode image ou texte d'une partie du document. En revanche, le téléchargement du document en format PDF par exemple permet alors, dans le programme Acrobat Reader, ces actions. Dans les exemples utilisés, je n'ai pas trouvé de liens externes, vers une bibliothèque détentrice du document ou une librairie en ligne. Pas de publicité non plus...

En comparant les résultats obtenus à ma recherche "chemins compostelle", j'obtiens sur Google 811 résultats, dont une grande majorité (603 sur les 811 résultats) ne me donne pas accès à un texte intégral. D'autre part, 84 livres sur les 208 consultables sont des guides touristiques du Petit Futé, qui ne font qu'évoquer le sujet de ma recherche, 5 ont été publiés après 1999, 70 entre 1800 et 1999, 133 ne seraient pas datés ?... 204 sur 208 sont en français, et aucun ne parle "principalement" des chemins de Compostelle.

Sur Gallica, j'obtiens 174 résultats, tous consultables en ligne, moyennant paiement pour 57 d'entre eux. 37 ont une date de publications postérieure à l'an 2000, 134 entre 1800 et 1999, le plus ancien datant du XVIe siècle, 133 sont en français moderne. Trois ouvrages sur la totalité sont des monographies traitant directement de mon sujet.

Il est difficile bien sûr de juger sur les résultats d'une seule recherche, et une étude sérieuse porterait sur un ensemble de requêtes et une analyse fine de leur résultats. Ma première réaction porte sur la recherche sur texte intégral et sur le bruit qu'elle produit. Ce fameux bruit ennemi du bibliothécaire et recherché par l'internaute, dit-on... Dans ce domaine, il semblerait que les deux bibliothèques se valent... Sur Gallica, lorsque j'effectue la recherche "Compostelle" sur le chant titre, je trouve alors 3 ouvrages, différents des 3 trouvés avec la recherche simple, dont deux qui sont de véritables références (le Liber Sancti et le journal du paysan picard) ; cela signifie-t-il que la recherche simple ne recherche par sur l'index "titre" ? Pour quelle raison ? Sur Google, même recherche sur le champ titre, et je n'obtiens aucun résultat en consultation intégrale, et 311 en aperçu ou notices. Si je ne suis pas surpris de ce résultat sur Google, où est l'indexation matière de Gallica ? Pourquoi ne puis-je pas interroger un champ "mot-clé" ou "sujet" ?!... Je retrouve l'indexation RAMEAU dans la notice, mais pas dans la grille de recherche avancée !

La différence à mes yeux entre ces deux bibliothèques en ligne réside principalement dans l'origine de la démarche.
D'un côté une proposition commerciale aux annonceurs, qui figurent sur les pages de consultation des ouvrages, et aux éditeurs, qui peuvent afficher des aperçus ou des extraits de leurs articles pour les promouvoir ; sans qu'à aucun moment une décision ou une priorité d'acquisition ne soit définie.
De l'autre une proposition de service public, privilégiant la qualité des collections proposées, à partir de réels choix documentaires, et la finesse et diversité des outils de recherche avec à l'esprit la satisfaction de l'usager sans aucune autres considérations (pas d'annonceurs ni d'éditeurs à mettre en avant ici). Mais aussi, peut-être dans le but louable de sortir du catalogue traditionnel de bibliothèque, quelques lacunes grossières, comme cette indexation sujet absente de la recherche avancée...

C'est pourtant cette plus-value documentaire qui fait justement toute la différence !

Les liens :
Google Recherche de livres
Gallica2

PS :

Un autre exemple de recherche, menée en recherche simple sur les mots "réchauffement climatique" ;
113 livres sur Gallica, dont 108 avec accès payant !
280 livres sur Google (dont 54 guides du Petit Futé ; accord publicitaire ?).

Bref, l'avenir est devant nous, comme dirait l'autre !

16 mai 2008

Multiplions les supports (suite...)


Quelques nouvelles ressources multimédia glanées çà et là ;

Sur le site de la BnF tout d'abord :
La visite virtuelle du site de Richelieu et de celui de Tolbiac, ainsi qu'une vidéo sur la numérisation de masse à la BnF pour la constitution de la bibliothèque numérique Gallica.

Ici, une démonstration de Kindle, le lecteur de livres électroniques d'Amazon, et une autre du concurrent, le PRS 505 de Sony.

Sur le site de 01net., une courte vidéo présentant la technologie RFID à la bibliothèque Marguerite Yourcenar à Paris.

Sur le site du CNL, quelques extraits vidéos du colloque qui a nourri la réflexion pour la publication du rapport Livre 2010, et qui s'est tenu en février 2007.

Et là, pour finir, deux vidéos sur le projet de la WDL World Digital Library de l'UNESCO sur le site officiel.

E-book / E-Ink – Livrel…

L’E-book ou livre électronique est le terme utilisé pour définir deux concepts différents ; l’œuvre publiée sous forme numérique, et l’outil spécifique permettant de lire une œuvre en format numérique.

Il faut donc distinguer le document sous format électronique, qui est transférable sur différents support de lecture, l’ordinateur, l’assistant personnel (PDA), le téléphone portable, le lecteur dédié, et l’outil, tels ceux développés par Sony ou Amazon, qui lui est un appareil permettant l’acquisition de documents sous format électronique, et leur lecture, parfois améliorée par des fonctionnalités propres à chaque lecteur.

Jusqu’à aujourd’hui, le terme livre regroupait ces deux notions, puisqu’il était à la fois contenu, l’œuvre, et contenant, l’objet en 3 dimensions qui « accueillait » le texte. Avec le livre électronique, ces deux notions se séparent.

La multiplication des projets de bibliothèques numériques (Gallica, Europeana, la World Digital Library de l’UNESCO) et, quoique dans une bien moindre mesure, de librairies électroniques, suppose que cette nouvelle offre s’adapte à la pratique de lecture des individus. Ainsi, limiter la lecture de livres numériques sur l’écran d’ordinateur correspond à un seul usage, et ignore tous les autres ; lecture en voyage, en vacances, lecture au coucher, dans les transports publics, etc. La définition d’une nouvelle offre de matériel de lecture répond à la multiplicité de ces usages, et à la nécessaire mobilité (on parle de lecteur nomade ou de baladeur de texte) de ces appareils. L’avancée technologique en matière d’affichage et de ce que l’on nomme l’encre électronique ou E-Ink ajoute par ailleurs un confort visuel de lecture proche de la lecture d’un livre imprimé.

Les enjeux du marché des lecteurs de livre électronique portent aujourd’hui sur l’interopérabilité de ceux-ci ; le dernier lecteur produit par Sony par exemple oblige son possesseur à se fournir exclusivement sur la librairie électronique créée par Sony, et en limite donc considérablement l’usage. De même, le Kindle d’Amazon, s’il reconnaît plusieurs formats, n’intègre pas le format PDF dela société Acrobat, pour des raisons commerciales, et se prive ainsi de l’un des formats les plus répandus aujourd’hui sur Internet.

Si l’E-book est aujourd’hui présenté souvent comme un concurrent du livre « papier », la révolution indéniable qu’il crée profite surtout au texte, à l’écrit, qui en s’intégrant aux nouvelles technologies, assure par là même sa pérennité et son actualité. Son développement, s’il se confirme, aura indéniablement des conséquences majeures sur les métiers du livre, et en particulier sur l’imprimerie et la distribution.

A lire absolument ; l’excellent dossier d’EDUCNET sur ce thème : http://www.educnet.education.fr/dossier/livrelec/default.htm

Le langage documentaire RAMEAU


Le Répertoire d’Autorité - Matière Encyclopédique Alphabétique Unifié a été créé en 1980 par la Bibliothèque Nationale à partir du langage documentaire utilisé par les bibliothèques de l’Université de Laval au Québec, lui même construit à partir du langage de la Library of Congress des Etats Unis.

Utilisé dans de très nombreuses bibliothèques universitaires et publiques, il est le fruit d’une coopération entre le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Education Nationale, et plus particulièrement entre l’ABES Agence Bibliographique de l’Enseignement Supérieur (responsable du catalogue du SUDOC) et la BnF.

Il fait aussi l’objet de coopérations internationales, avec sa traduction en roumain et en polonais, mais aussi dans le cadre d’un projet international pour la définition d’un langage documentaire multilingue (MACS).

C’est un langage contrôlé, par opposition à un langage naturel, pour lequel des listes d’autorité sont construites et une syntaxe est définie. Des mises à jours régulières et fréquentes permettent d’ajouter de nouveaux termes suite aux propositions faites par les indexeurs.
C’est un langage encyclopédique, qui couvre tous les domaines de la connaissance.
C’est un langage unifié, c’est à dire qu’il peut s’appliquer à tous types de documents et dans tous types de bibliothèques.

Son objectif final est de permettre à l’usager d’accéder au document.

Les listes d’autorités sont interrogeables sur le site Internet de la BnF consacré à Rameau. Un guide d’indexation est disponible en ligne ou en version imprimée. Les mises à jour (hebdomadaires) font l’objet d’une publication dans le Journal Rameau (trimestriel). Des outils pédagogiques sont également disponibles en ligne sur le site Rameau.

C’est un langage structuré :
Au niveau terminologique ; traitement de la polysémie et de la synonymie.
Au niveau sémantique ; des relations hiérarchiques (Terme générique / terme spécifique) et d’association (proximité des concepts) sont établies.
Au niveau syntaxique ; des règles précises de syntaxe sont définies pour construire la vedette matière à partir d’une tête de vedette et d’une ou plusieurs subdivisions. Il existe des subdivisions de sujet (précise le concept abordé dans la tête de vedette), géographiques, chronologiques, et de forme (bibliographie, chronologie, etc.).
Le langage Rameau fait l’objet d’un catalogue de notices pour chaque terme, qui permet de préciser les termes associés, génériques ou spécifiques, les relations de synonymie et de polysémie, et de définir la place que peut occuper le terme ou expression dans la vedette finale ; tête de vedette uniquement, tête de vedette et subdivision, subdivision uniquement.

15 mai 2008

Quelques mots sur l’édition…


Quelques chiffres tout d’abord, même si dans le domaine, les sources et les données varient considérablement… Je reprends donc les chiffres du fascicule édité par le Ministère de la Culture et de la Communication « Mini chiffres clés édition 2008 – statistiques de la Culture » qui publie les chiffres de 2006, comme son titre ne l’indique pas…

La production éditoriale française ;
70100 titres édités en 2006 (contre 35000 en 1990)
575 millions d’exemplaires
310 maisons d’édition
44 maisons d’édition éditent 80% du total des titres
50% de nouveautés et rééditions, 50% de réimpressions
22% de titres dans la catégorie Jeunesse et BD
19% de titres dans la catégorie Littérature
23% de titres en édition « poche »

Les canaux de distribution des livres ;
23.1 % en Librairie
20.9 % en GSS
25.8 % dans la grande distribution
11.5 % en VPC et clubs
6.5 % par Internet

Un chiffre d’affaire en hausse continue ces dernières années, une concentration de la production sur des groupes ou grandes maisons d’éditions, une place grandissante pour la grande distribution (spécialisée ou non) dans la vente des livres. La littérature perd chaque année du terrain (-10% pour la poésie et le théâtre), alors que les ouvrages destinés à la jeunesse (hors scolaires) continuent leur progression. Voilà les principaux enseignements de ces chiffres. La place réduite de la librairie comme distributeur du livre est confirmée, et il suffit de regarder nos centres ville et le développement des GSS (FNAC, Cultura, Espace culture Leclerc) pour le constater.

Que fait l’Etat pour le secteur du livre. En France la lecture publique a fait l’objet d’attentions régulières de la part des gouvernements ces 3 dernières décennies. On ne peut pas ne pas évoquer ici la loi Lang sur le prix unique du livre. Je me souviens qu’à l’époque, j’avais 12 ans, mon père avait refusé de m’acheter le dernier Astérix au supermarché du coin parce que « le gouvernement socialiste avait décidé d’interdire les prix réduits sur les livres », ce que j’avais naturellement trouvé très injuste ! Aujourd’hui, on ne peut que s’interroger sur la place qu’occuperait la librairie indépendante sans cette loi ! et se féliciter finalement des 23% qu’elle occupe actuellement sur le marché du livre !

Actuellement, c’est au Centre National du Livre que se concentrent les aides de l’Etat à destination du secteur du livre, qu’il s’agisse des éditeurs, des libraires ou des auteurs.
En ce qui concerne les auteurs, ces aides prennent la forme de bourse d’écriture et de subventions liées aux résidences d’écrivain, ou encore d’aide financière aux traducteurs. Pour les éditeurs, il s’agit cette fois de prêts à taux zéro ou de subventions au développement de maisons d’édition indépendantes ou à la publication. Un autre volet concerne des aides à la présence sur Internet de l’édition et à la numérisation des titres publiés, notamment dans le cadre du projet de la BnuE et de l’intégration à celle-ci d’ouvrages soumis au droit d’auteur.
La librairie indépendante fait elle l’objet de prêt à taux zéro à la reprise, la création ou l’extension de librairies indépendantes, ainsi qu’à la création de catalogues ou encore au développement de fonds thématiques.

Les agences ou centres régionaux du livres, les conseils généraux, et certaines communes participent également à ces efforts en direction du secteur du livre, par les résidences d’auteurs, les subventions aux maisons d’éditions régionales ou locales, le soutien à l’organisation de salons, etc.

La récente (2003) loi sur le droit de prêt œuvre elle aussi, dans ses objectifs généraux - juste rétribution des auteurs, développement du partenariat bibliothèque / librairie indépendante, et dans ses mesures ; plafonnement des rabais consentis par les librairies aux bibliothèques.

Il est intéressant de voir que sur le marché commercial du livre, la bibliothèque, dont l’usage gratuit est souvent perçu par les professionnels du livre comme une concurrence, est très souvent partenaire de maisons d’édition locale par exemple, de librairies pour leurs acquisitions, ou encore d’auteurs locaux dont elles valorisent les créations par des animations.

Bibliothèques publiques et Internet

Quels impacts l’entrée d’Internet dans les bibliothèques publiques a-t-elle sur le quotidien des bibliothécaires et de leurs usagers ?

L’évolution rapide de l’accès à Internet en France a permis de rattraper le retard accumulé sur nos partenaires européens notamment. Avec une couverture quasi complète (France Télécom annonce un taux de 98% du territoire) du pays en connexion ADSL, avec près de 60% de foyers français équipés en micro-informatique, et plus de 40% de foyers connectés, Internet est un media d’actualité, et il paraissait impensable que les bibliothèques n’en saisissent les enjeux et les nombreux intérêts pour l’accomplissement de leurs missions.

En ce qui concerne les collections, et plus précisément les acquisitions, Internet permet au bibliothécaire un accès à de nombreuses ressources qui viennent l’aider dans ces choix ;
- des bases de données bibliographiques, bien sûr, mais aussi des sites d’éditeurs, voir de certains libraires,
- la consultation d’autres catalogues de bibliothèques d’un même territoire, qui peut permettre de fixer des priorité d’achats sur des documents ou thématiques peu couvertes par les partenaires documentaires locaux,
- une multiplicité et diversité d’échanges entre professionnels, qui prennent la forme de blogs, de forums, de sites dits sociaux, comme TheLibraryThing, sur lequel des internautes commentent et critiquent des livres, ou encore par la consultation d’un site tel que La Joie par les Livres, qui met à disposition en ligne un catalogue sélectif et critique des documents destinés aux sections "jeunesse" de nos bibliothèques.

Internet ici réduit l’isolement du bibliothécaire dans ses décisions d’acquisition. Plus généralement, Internet est un outil professionnel important aujourd’hui, et ce de façon transversale, sur toutes les missions et activités du bibliothécaire ; en se faisant l’écho de débats, recherches, expériences menées sur le terrain, comme sur le forum BiblioForum par exemple, mais aussi en donnant accès à des informations professionnelles, au travers des nombreux sites institutionnels (IFLA, ABF, CNL, BnF, etc.), à des publications en ligne comme le Bulletin des Bibliothèques de France, à des études sur le département statistique du CNL, à des publications de la BPI (certaines étant consultables en ligne) ou encore, sur les sites de l’ENSSIB ou de la BPI, à des comptes rendus voir des enregistrements de journées d’études.

Toujours du point de vue du bibliothécaire, Internet représente un réel intérêt dans le traitement des collections, avec la possibilité de télécharger des notices, d’une base de données commerciale comme Electre ou bien à partir du catalogue en ligne de la BnF, ou encore, pour les bibliothèques partenaires, à partir des catalogues en ligne des BDP.

Internet enrichît bien sûr les collections ; avec la multiplication des postes connectés dans les bibliothèques, les usagers ont accès aux ressources documentaires exponentielles disponibles sur le Web. Les bibliothèques ici aident l’usager par la création de sitothèques, la sélection de ressources de référence ou présentant un intérêt local. Certaines, quand les budgets le permettent, proposent un accès à des agrégateurs de presse (EuroPresse, PressEDD) pour une recherche plus efficace dans des bases de données d’article de presse.

Cette mise à disposition d’un nouveau media s’accompagne immanquablement d’une médiation renforcée ; de très nombreuses bibliothèques proposent aujourd’hui des formations ou ateliers d’initiation à Internet, participant ainsi à l’effort de nombreux services publics contre la fracture numérique.

La diffusion des collections est également servie par Internet, en particulier par la « délocalisation » des documents qu’elle permet dans le cas des bibliothèques numériques. La Bibliothèque Numérique pour le Handicap mise en place par la bibliothèque municipale de Boulogne-Billancourt est une illustration convaincante du rôle social que peut donner la bibliothèque à Internet, en l’utilisant pour aller à la rencontre des publics empêchés.

La présence des bibliothèques sur Internet augmentent chaque jour et des portails très divers sont créés, proposant le plus souvent un accès au catalogue de la bibliothèque, mais aussi, selon l’établissement et ses moyens, de nombreux autres services ; internes, comme la mise en ligne de produits documentaires (dossiers thématiques, bibliographies), d’expositions virtuelles permettant la valorisation des collections, et externes, comme l’accès à des plates-formes telles qu’Artevod pour de la vidéo en ligne, Numilog pour des livres électroniques, Bibliomedia pour de la musique, des vidéo, des livres audio, etc.

Ces portails sont l’occasion de construire une nouvelle relation avec l’usager, par l’intermédiaire par exemple d’un blog de la bibliothèque, auquel les usagers sont invités à collaborer, d’une information actualisée (agenda, calendrier des animations), de services d’interrogation à distance comme Biblio@sésame, etc.
Progressivement, avec les évolutions du Web 2.0, ces portails deviennent l’occasion de placer l’internaute, usager ou non, au centre de la démarche, en personnalisant l’information du site pour des inscrits en fonction par exemple de thématiques définies par lui-même ou par son historique d’emprunts, mais également en mettant à contribution les visiteurs du site et en les invitant à donner leur avis sur tel document ou telle exposition.

Les bibliothécaires ont su ne pas s’arrêter à l’image d’Internet comme concurrent de la bibliothèque publique, mais ont saisi tout l’intérêt que ce nouveau média représente, tant sur le plan de l’enrichissement des collections, que sur la relation avec les publics et sur le travail quotidien lié à leurs missions les plus fondamentales.

Programme des "ruches"

Le programme des ruches ou médiathèques de proximité a été initié en 2002 par Jean Jacques Aillagon, alors Ministre de la Culture, en partant du constat de l'inégalité de l'offre de lecture publique sur le territoire, en particulier dans les zones rurales et les quartiers peri-urbains. L'objectif du ministre était alors de garantir "un meilleur partage de la culture par tous".

Quatre grands axes ont été défini pour la création de ces nouveaux équipements ;
* la qualité architecturale des projets ; plusieurs cabinets d'architectes ont participé à l'élaboration du programme,
* l'importance donnée aux espaces d'accueil et de services / animations (un minimum de 42% de la superficie totale)
* la mise à disposition du public, en accès libre, d'une majorité des collections (un minimum de 46% de la superficie totale)
* la diversité des collections et l'ouverture vers les nouvelles technologie (numérisation de fonds spécifique, accès à Internet, poste multimédia...).

Le financement de ces nouveaux équipements est assuré dans le cadre de la DGD dotation générale de décentralisation, du soutien à l'aménagement du territoire, mais aussi par des subventions du CNL ou des programmes régionaux et départementaux de développement de la lecture publique. Le financement concerne les dépenses d'investissement mais aussi de fonctionnement avec une aide dégressive aux dépenses de personnel qualifié.

Avec plus de 400 réalisations depuis le lancement du programme, il semble que celui-ci réponde véritablement aux besoins des territoires, en particulier en secteur rural, qui représente plus de 80% des nouveaux équipements. Les médiathèques de proximité font parfois partie d'un ensemble, à dominante culturelle ou non ; les interactions sont ainsi favorisées entre une école de musique et la médiathèque, ou bien encore entre un office de tourisme, une permanence ANPE, une marie annexe et la médiathèque. La création d'un Kiosque du citoyen, fonds documentaire sur des informations pratiques et administratives, renforce encore l'intégration de la médiathèque dans une démarche sociale et non exclusivement culturelle. L'attention portée à l'accès des publics handicapés est une autre des priorités fixées pour ce programme.

L'exemple de la Médiathèque de Meuzac en Haute Vienne a permis de proposer aux habitants des communes avoisinantes un établissement de 700 m² offrant une collection multi-support, des postes multimédia avec accès à Internet, un centre de documentation sur un illustrateur originaire de la Région, ainsi que la numérisation et la valorisation des œuvres de cet illustrateur.

L'Espace des Média et des Arts de Languidic dans le Morbihan a lui regroupé dans un nouveau bâtiment une école de musique, un centre d'animation en arts plastiques, un auditorium et la médiathèque. Depuis son ouverture, le nombre d'inscrits est passé de 14% dans l'ancienne bibliothèque à 33% actuellement.


A lire dans le BBF :
La Ruche de Languidic (N° 1 - 2007)
Le programme national des médiathèques de proximité, les « Ruches » (N° 1 - 2007)
Les Ruches (N° 2 - 2004)
La médiathèque intercommunale du Père Castor (N° 1 - 2007)

12 mai 2008

Informatique et bibliothèques (2)


Les impacts sur la diffusion et l'accès à l’information :

La première évolution majeure à mes yeux pour le public est la fin d’un certain élitisme de l’accès aux collections patrimoniales, élitisme imposé par la rareté et la fragilité des collections. Aujourd’hui, n’importe quel internaute peut, sans avoir à justifier sa recherche, sans prendre rendez vous au préalable, sans se déplacer, sans payer aucun droit d’accès, feuilleter sur Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, quelques uns des manuscrits les plus précieux et les plus beaux conservés au département des manuscrits. C’est la l’illustration la plus convaincante de la démocratisation de l’accès à ces ressources uniques.
Qu’il s’agisse du code de déontologie du bibliothécaire de l’ABF, du manifeste de l’UNESCO, de la charte des Bibliothèques du CSB, tous ces textes qui définissent les grands principes et objectifs des bibliothèques publiques partagent cette valeur qui fait de l’accès au savoir et à l’information du plus grand nombre un axe majeur de la mission du bibliothécaire. Le numérique sert directement et très concrètement cet objectif.
L’information sur les collections patrimoniales est également servie par l’entrée de l’informatique à la bibliothèque. La rétro-conversion des catalogues manuels des fonds locaux et anciens des bibliothèques municipales participe au recensement et à la localisation de ce patrimoine. La base BMR de la BnF autorise tout chercheur et plus généralement tout citoyen, à accéder à cet inventaire des richesses patrimoniales conservées dans les bibliothèques françaises.
L’accès de l’usager aux collections et sa recherche sont facilitées par le traitement documentaire informatisé. L’usager passe des innombrables tiroirs et fiches cartonnées des anciens catalogues manuels à une recherche combinée ou non sur un auteur, un titre, des mots clés, voir les mots d’un résumé ou pour des ouvrages accessible en texte intégral une recherche sur le document lui même. Cette recherche, plus fine, entraîne un changement direct dans la relation entre le bibliothécaire et son public ; la formation des publics fait désormais partie intégrante des référentiels de compétences du bibliothécaire. Plus encore, la bibliothèque se voit confier la mission de réduire la fracture numérique. Outre la formation des usagers à la recherche documentaire informatisée, de très nombreuses bibliothèques proposent également des ateliers d’initiation à Internet, au traitement de texte, à la retouche photo, etc.
Le développement des services à distance est une autre illustration de l’apport de l’informatique dans l’offre de service de la bibliothèque. Allant de la simple page d’informations pratiques à un portail élaboré donnant accès au catalogue et à de nombreux autres services, la présence de bibliothèques sur Internet est chaque jour croissante. Qu’il s’agisse de proposer un accès à des plates-formes telles qu’Artevod pour la vidéo en ligne, Numilog pour les livres numérisés, Bibliomédia pour l’écoute de musique ou de livres audio en ligne, les sites de certaines bibliothèques présentent une réelle valeur ajoutée et viennent compléter l’usage « physique » plus traditionnel. L’intérêt que présentent ces services pour les publics empêchés n’est plus à démontrer, en témoigne le succès de la Bibliothèque Numérique pour le Handicap (BNH) mise en place par la bibliothèque de Boulogne Billancourt.
Dans ce domaine, il reste aujourd’hui à suivre et intégrer les récents développements de technologies et en particulier ceux du web 2.0, qui regroupent de nouvelles fonctionnalités développées indépendamment les unes des autres et qui tendent toutes à placer l’internaute au centre du service proposé ;
- suggestions d’emprunt en fonction de l’historique du dossier lecteur,
- informations personnalisées sur les dernières acquisitions,
- sollicitations de l’avis des usagers sur les documents qu’ils ont empruntés,
- échanges / débats en ligne dans des forums modérés par les bibliothécaires,
- etc.
Le numérique devient ici l’outil d’une nouvelle interaction entre la bibliothèque et son public, et entre les usagers eux-mêmes.
Un bibliobuzz récent du Bulletin des Bibliothèques de France se faisait l’écho d’un débat sur la nécessité pour les bibliothèques de recruter des informaticiens experts, quitte à les former ensuite au métier de bibliothécaire. Il est en tous cas certain qu’aujourd’hui, l’informatique et les NTIC doivent occuper une place importante dans la formation, initiale ou continue, des personnels de bibliothèques. L’évolution constante et rapide des techniques informatiques l’impose.

Les exemples ci-dessus le montrent, l’informatique à profondément modifié les modalités d’accès à l’information pour nos usagers. La mission d’élargissement des publics et de diffusion de l’information est renforcée par les nouvelles technologies. Si celles-ci nécessitent une réflexion et des actions concrètes de formation et plus généralement de médiation avec nos usagers, elles actualisent cette mission de diffusion et la dotent de nouveaux outils qui la rendent plus efficace.

Informatique et bibliothèques (1)


Les impacts sur la conservation et le traitement des collections :

En ce qui concerne la conservation des collections, les politiques de numérisation de ces dernières années ont servi plusieurs objectifs. Elles ont d’abord permis la sauvegarde d’un patrimoine précieux, rare et fragile.
Les documents anciens, malgré un accès limité et réservé à un public spécifique, sont fragilisés à chaque consultation. Leur conditions de stockage, si elles limitent ou retardent leur vieillissement, ne l’arrêtent pas pour autant. La numérisation s’est imposée comme une opération de sauvetage et non plus seulement de sauvegarde d’un patrimoine unique. Ce qui est vrai pour les manuscrits enluminés l’est aussi pour les bobines de film du Centre National de la Cinématographie ou plus simplement pour les cassettes VHS de nos bibliothèques municipales.
La numérisation a de fait induit une valorisation du patrimoine numérisé ; chaque document qui en fait l’objet sort de sa « réserve », aux sens propre et figuré, et est porté à la connaissance du public. Il est inventorié, catalogué, diffusé, fait l’objet d’expositions ou de publications nouvelles, autant d’opération qui permettent de le mettre en valeur et de le faire connaître.
L’autre effet de la numérisation concerne bien sûr sa consultation. Sans contact direct avec le document original, celui-ci en est évidemment préservé. Par ailleurs, cette consultation est facilitée par les outils utilisés pour visionner cette ressource numérique, qui vont permettre par exemple une observation plus fine d’une illustration en zoomant ou encore d’imprimer tout ou partie d’un document, d’y insérer des signets pour favoriser la navigation dans le document.
Le coût très élevé de la numérisation d’un fonds vient toutefois modérer l’enthousiasme suscité par ces opérations, et les bibliothèques se doivent de les prioriser. Par ailleurs, la conservation des supports numériques pose elle aussi de nouvelles questions ; durée de vie des supports eux-mêmes, évolution des formats de données, compatibilité avec des systèmes informatiques en constante évolution.
Le numérique a également fait son entrée dans les collections de nos bibliothèques sous la forme de nouveaux supports de documents. L’arrivée notamment des cd-rom dans les bibliothèques a enrichi les fonds, mais aussi a permis un nouvel accès à l’information, plus technique certes, mais aussi souvent plus intuitif, parfois plus ludique, moins linéaire.
Là aussi des questions de conservation des supports, mais aussi de l’évolution des logiciels et systèmes d’exploitation sont posées. Un cd-rom publié au début des années 90 sous un environnement MS-DOS ne peut plus être lu aujourd’hui sous la dernière version de Microsoft Vista. Dans certains cas, la conservation d’un document doit s’accompagner aussi de celle de son environnement informatique.
Parmi les nouveaux documents qui sont entrés à la bibliothèque, il me semble important de parler ici des ressources dématérialisées, délocalisées que sont les documents en ligne.
Dans le cas des périodiques par exemple, la bibliothèque peut proposer à ses usagers la consultation des archives de tel ou tel quotidien de presse. Là où il fallait se déplacer dans le magasin, trouver la boîte contenant le numéro demandé par l’usager, espérer que celui-ci ne serait pas manquant et contiendrait bien l’information recherchée, la navigation dans les bases de données d’articles permet une recherche plus fine, le plus souvent sur le texte intégral, une consultation plus aisée et immédiate.
Ce nouveau service n’est pas sans poser problème, notamment en terme de coût, ceux pratiqués par les agrégateurs de presse du marché comme Europress ou PressEDD étant très élevés, limitant l’accès à ce service aux grandes bibliothèques disposant du budget nécessaire.
En outre, les restrictions sur la reproduction des documents consultés, et a fortiori sur leur conservation, limitent encore les apports de ces nouveaux documents.
Autre support éphémère s’il en est, les sites Internet, auxquels les bibliothèques favorisent l’accès par la mise à disposition de postes connectés et parfois la création de sitothèques, rencontrent l’adhésion d’un large public.
Ces ressources posent elles aussi de nombreuses questions ; conservation de documents qui évaluent constamment, traçabilité des informations et de leurs auteurs, fiabilités des informations diffusées… L’exemple de Wikipedia, encyclopédie participative et gratuite sur Internet, est parlant. Il s’écoule parfois plusieurs semaines entre le moment où un article est déposé par un internaute et celui où le comité de rédaction valide ou non les informations proposées.
On ne peut enfin parler d’informatique dans les bibliothèques sans évoquer le traitement même des collections. L’informatisation des catalogues de bibliothèques, mais aussi des opérations connexes telles que les acquisitions ou les transactions de prêt, a bouleversé le quotidien du bibliothécaire et celui de ses usagers.
De la notice dactylographiée en autant d’exemplaires que l’on avait défini d’accès, à la notice récupérée auprès d’un fournisseur tel qu’Electre par exemple, la mutation n’est pas anecdotique. Les tâches les plus répétitives du bibliothécaire sont concernées et libèrent ainsi du temps pour des activités qui font partie intégrante de son cœur de métier ; traitement intellectuel des documents, médiation avec l’usager, valorisation des collections, etc.

On l’a vu, l’informatique a profondément modifié le quotidien des bibliothécaires. L’informatique a d’abord été un outil permettant un gain de temps inestimable sur des tâches répétitives. C’est ensuite devenu un support d’information, et si de nouvelles questions se posent en raison des formats et des modalités d’accès de ces documents, elles concernent, comme tout autre document, la conservation, la consultation, les acquisitions. Les missions d’enrichissement, de conservation, de traitement des collections sont toujours d’actualité, plus que jamais peut-être ; l’informatique ne les change pas. Les bibliothèques doivent intégrer ces nouveaux questionnements et « mettre à jour » leurs pratiques en tenant compte et en assimilant les évolutions technologiques de la société d’information moderne.

Panique...

J'ai très mal commencé cette journée de révision... Je suis allé sur le net et en particulier sur Biblioforum dans la page consacrée aux concours : lecture d'un message d'une agent du patrimoine qui vient d'échouer pour la 3eme fois le concours d'assistant qualifié et qui témoigne de la difficulté d'atteindre l'oral... Messages aussi d'étudiants en licence professionnelle, qui donnent le lien vers leurs blogs savants et qui se préparent eux aussi à passer le concours... Avec mon DUT passé en 1990, et ma petite préparation au CNED, j'en ai les mains moites et les genoux qui tremblent !
Pour mon inter-région, nous serons 390 inscrits pour ... 10 postes. Autant dire que la concurrence va être rude !
Pour moi c'est à l'oral que je devrais vraiment pouvoir faire mes preuves, en exposant mes motivations, en mettant en valeur mes expériences passées, en exposant ma projection personnelle dans le métier de bibliothécaire. Mais encore faut-il y arriver à cet oral !
Je dois rester concentré sur mes révisions, et mettre cette panique qui me saisit parfois de coté, canaliser mon énergie non vers mes idées noires et mes appréhensions mais mon espoir et ma motivation.

11 mai 2008

Quelques citations

"La bibliothèque est d'abord au service des ses usagers."
"Le bibliothécaire doit répondre aux besoins de sa communauté en matière de culture, d'information, de formation et de loisirs."
Code de déontologie du bibliothécaire de l'ABF

"La bibliothèque est un service publique nécessaire à l'exercice de la démocratie."
Charte de Bibliothèques du CSB

[La bibliothèque est] "le lieu des liens." Eugène Morel (je ne suis pas sûr ?...)
"Un magasin de renseignements publics accessible à tout citoyen" Eugène Morel

"Etre bibliothécaire, c'est se situer par rapport au public. Si possible ailleurs qu'au dessus." Dominique Lahary

[La bibliothèque est] "un grand service public de la surprise." Dominique Lahary

"Ne vous demandez pas quels partenaires peut avoir la bibliothèque. Demandez-vous de qui la bibliothèque doit être partenaire." Dominique Lahary

Beaucoup d'autres points de vue et réflexions sur le site http://www.lahary.fr/pro/

"La médiation n'est pas une tâche mais une mission." Abdelwahed Allouche

9 mai 2008

Aides financières aux bibliothèques

Au niveau départemental ;
Pour les bibliothèques des communes de moins de 10000 habitants, qui ont signé une convention avec la BDP, le Conseil Général attribue des aides en fonction des priorités fixées par les élus, par exemple ;
* Aides à l’équipement en mobilier
* Aides à l’informatisation ou à l'équipement multimédia
* Aides au recrutement de personnel qualifié

Au niveau régional ;
Jusqu’en 2006, la DRAC était chargée de distribuer les subventions issues de la DGD aux communes pour les dépenses de fonctionnement et d’investissement liées aux bibliothèques. Désormais, (dans ma région) c’est la préfecture qui instruit les dossiers.
* Le FRAB Fond Régional d’Acquisition des Bibliothèques ; co-financement Etat (DRAC) Région, permet l’acquisition de document rare et précieux, ancien ou contemporain, à hauteur de 75% maximum du coût d’acquisition.
Des Régions, par le biais de centres ou agences du livre, fixent par ailleurs des priorités et des subventions pour leur territoire.

Au niveau de l’Etat ;
Concours particulier de la Dotation Globale de Décentralisation :
Après la suppression en 2006 d'un concours spécifique, les bibliothèques entrent dans le programme 122. Le budget s’élève en 2008 à 80 millions d’euros environ, et couvre principalement des dépenses d’investissement, pour des projets de création ou d’extension de Bibliothèques par exemple. Après m'être renseigné auprès de ma préfecture, les subventions sont accordées, au titre d'investissements uniquement, aux intercommunalités et non aux seules communes, ceci pour garantir des moyens de fonctionnement des équipements ainsi créés ou développés.
La DGE Dotation Globale de l’Equipement et le FNADT Fond National pour l’Aménagement du Territoire peuvent, dans certains départements ou région, être sollicités dans le cadre du développement ou de la création d’équipements lié à la lecture publique sur le territoire.

Le Centre National du Livre ;
* Création et extension de bibliothèques
* Création ou développement de fonds thématiques
* Aide au développement des réseaux départementaux
Les conditions d’attribution fixent généralement des seuils d’investissements des collectivités tutelles. Des superficies, budgets d’acquisition, amplitudes horaires minimum déterminent l’éligibilité d’une demande.
A ce jour, le site du CNL annonce une refonte totale des aides plus axées sur des « projets » à partir de janvier 2009, et les dispositifs actuels sont « appelés à s’éteindre d’ici à juin 2008 ».
Je ne trouve nulle trace de l’aide aux acquisitions présentée dans le cadre de la loi sur le droit de prêt. Cette aide existe-t-elle vraiment ou s’agit-il d’un vœu pieu du législateur ?…

Autonomie des usagers – conclusion

On l’a vu, la démocratisation et la modernisation de nos bibliothèques, dont usagers et personnels ne peuvent que se réjouir, se sont accompagnées d’un accès à l’information plus complexe et plus technique. La diversité des usages de la bibliothèque, le souhait d’y intégrer tous les publics, y compris, et peut-être surtout, les plus défavorisés, donnent tout son sens au rôle de pédagogue que l’on reconnaît aujourd’hui au bibliothécaire. Si l’effort consenti est indéniable, par les animations, visites, formations que les bibliothèques ont mis en place, il me semble que cet effort d’adaptation doit se poursuivre, pour que les actions menées répondent au plus près à la diversité de nos usagers.

S’il est un savoir être qui devrait figurer en bonne place dans les référentiels de nos métiers, c’est l’empathie. Cette empathie du médiateur qui sortira de son cadre de référence pour mieux comprendre la demande de son usager, cette empathie du pédagogue qui consiste à déconstruire un savoir acquis par lui, pour pouvoir le partager avec l’autre.

Cette mission primordiale si la bibliothèque veut augmenter son impact auprès de son public, acquis ou potentiel, a un double intérêt ; la satisfaction de l’usager bien sûr, mais aussi, et ce n’est pas négligeable, le renforcement de la relation entre l’usager et le personnel. C’est cette relation qui fait de la bibliothèque publique l’endroit privilégié d’échanges, un « lieu des liens ».

Autonomie des usagers – 3) la pédagogie du bibliothécaire

Garantir l’autonomie de l’usager ne se fait pas sans effort ; il est important qu’une grande partie de ses efforts soient assumés par le bibliothécaire et non par l’usager lui-même, sans quoi un frein supplémentaire est créé à la fréquentation du plus grand nombre. L’autonomie de l’usager est ainsi liée à celle du bibliothécaire dans les compétences de communication et d’accueil, qui doivent en conséquence être non seulement valorisées par l’institution, mais aussi développées. Ce constat se vérifie et s’amplifie même dés lors que l’on parle de formation des usagers. La pédagogie du bibliothécaire ne s’improvise pas, elle se construit !

J’inclurai, pour commencer, à ce thème de la formation de l’usager la visite de la bibliothèque. Il ne s’agit pas ici d’une simple visite des locaux et du bâtiment, mais d’une visite pédagogique, dont l’objectif pourrait s’énoncer comme ceci : à l’issue de cette visite, l’usager sera capable de se repérer facilement dans les locaux et les collections, et d’identifier les outils à sa disposition pour mener ses recherches documentaires. Visiter la bibliothèque dans ce cas sera l’occasion de distinguer les postes de consultation du catalogue des postes Internet, de solliciter les bibliothécaires des différentes sections pour une brève présentation du fonds, de souligner l’importance et le sens de la signalétique, d’introduire le plan de classement de la bibliothèque, de préciser les règles en vigueur dans les salles d’étude ou dans le maniement des documents. Solliciter le groupe d’usagers, les rendre acteur de cette visite en prenant l’exemple d’une thématique de recherche de l’un d’entre eux, les interroger sur leur réaction face à tel équipement ou telle collection, seront autant de techniques pédagogiques à mobiliser.

On l’a vu, l’entrée de l’informatique à la bibliothèque en fait un outil incontournable pour chercher mais aussi, dans le cas des bibliothèques numériques, consulter les documents correspondant à sa requête. Or l’utilisation efficace de cet outil nécessite certains savoir-faire que tous nos usagers ne maîtrisent pas nécessairement. Si aujourd’hui l’équipement en informatique personnel représente plus de 50% des foyers français, il en reste donc une moitié qui en est privée, et dans les 50% de foyers équipés, combien de parent utilisent-ils l’ordinateur acheté principalement pour la scolarité des enfants ? La fracture numérique est une réalité de notre société, et les initiatives sont nombreuses, dans des services publics variés, qui tendent à réduire cette fracture ; des ateliers de l’ANPE pour familiariser les demandeurs d’emploi à la recherche d’offres sur Internet, en passant par l’implantation de « cyber espaces », comme ceux financés par le Conseil Général des Côtes d’Armor par exemple, les efforts sont nombreux pour généraliser l’utilisation de l’ordinateur dans la vie courante.

Avant même d’envisager la formation des usagers à la recherche documentaire sur catalogue informatisé, la bibliothèque se doit, comme tout acteur de formation, de s’assurer que les pré-requis élémentaires à l’utilisation de l’informatique sont présents chez ses usagers. En discutant avec le bibliothécaire chargé, dans la médiathèque que je fréquente, des initiations à la recherche documentaire, celui-ci m’expliquait qu’il devait naviguer entre deux frustrations lors de ses animations ; celle que ressent le néophyte qui panique dés que son pointeur de souris disparaît de son champ de vision et celle de l’utilisateur plus aguerrit qui se lasse d’attendre les plus lents. La bibliothèque doit donc mettre en place des actions distinctes pour ces usagers, pour s’adapter à leurs différents niveaux d’autonomie.

Je pense par ailleurs que les actions d’initiation au catalogue doivent cibler certains publics plus que d’autres. L’intégration dans la majorité des cursus universitaires d’unités de valeurs sur la recherche d’information peut dispenser, sauf demande particulière ou spécificité locale, de former les étudiants qui font déjà l’objet d’un tel enseignement. Ceci permet alors de se concentrer sur les publics les plus en difficultés. Par ailleurs, des actions ciblées en fonction des publics sont à encourager ; une animation dans l’espace « ados » sera différente de celle organisée dans la section adultes ou jeunesse. Des actions collectives organisées avec des partenaires tels que les écoles primaires ou une maison de retraite peuvent permettre de répondre au mieux, de façon différenciée, aux besoins spécifiques des publics.

Le développement, enfin, de l’auto-formation, me paraît être une piste intéressante pour là encore s’adapter au plus près du besoin de l’usager, et réduire ou canaliser d’une certaine façon les moyens humains mobilisés pour la formation des usagers. L’expérience de la Bibliothèque Municipale de Lyon Part Dieu va dans ce sens ; que l’usager soit connecté de chez lui au portail de la bibliothèque ou qu’il soit face à un écran dans la bibliothèque, il peut accéder à un outil d’aide à la recherche documentaire en ligne. Un lien ouvre une nouvelle fenêtre, dans laquelle apparaît un guide, illustré de nombreux écrans du catalogue, qui lui permet ainsi de se familiariser, en toute autonomie, à la recherche documentaire dans cette bibliothèque. D’autres ressources d’auto formation, liées à la recherche sur Internet ou à la recherche de ressources sur l’emploi et l’orientation professionnelle sont également disponibles.

Autonomie des usagers – 2) le contexte favorable

Avant même de mettre en place des actions de « re-médiation » en direction de l’usager non autonome, la bibliothèque doit construire les conditions de cette autonomie, par un environnement, une pratique, une attention dans tous les actes professionnels qui placent l’usager au centre de ses préoccupations.

Il en va ainsi de la communication visuelle dans la bibliothèque. Nombreuses sont les bibliothèques qui remettent, lors d’une première inscription, un guide de l’usager. Selon les bibliothèques, ce guide regroupe principalement les règles de prêt, celle du « vivre ensemble » de la bibliothèque, un plan des locaux. Ce guide doit être élaboré en pensant au moins autonome de nos usagers, l’informer clairement sur l’aide que les bibliothécaires peuvent lui apporter dans ses recherches, inclure une présentation, même brève, de l’écran de recherche OPAC, bannir autant que possible les termes professionnels. La première inscription d’un usager devrait, dans l’idéal, faire l’objet, outre de la remise d’un guide, dont la lecture requiert déjà trop souvent une relative autonomie, d’un entretien, à tout le moins d’un échange entre le bibliothécaire et l’usager, pour déterminer son degré d’autonomie, et dés ce premier contact, privilégié puisque volontaire de la part de l’usager, les ateliers d’aide à la recherche documentaire, les visites de la bibliothèque, pourraient alors être proposés, ceci pour signifier à l’usager que sa « réussite documentaire » est bien la préoccupation de la bibliothèque à laquelle il vient, le plus souvent, de faire un chèque…

La signalétique est elle aussi un élément déterminant pour asseoir l’autonomie de l’usager. A la présentation par affichage du plan de classification, d’autres formes de repérages des collections peuvent être combinées. Les codes couleur de la signalétique de la BPI vont dans ce sens. Si l’usager associe à sa thématique de recherche une couleur en même temps qu’un indice, même basique, de classification, son repérage visuel dans les collections en sera simplifié. Des priorités et une forme de hiérarchie doivent servir à élaborer une signalétique riche de sens pour l’usager. Distinguer le signalement des collections de l’orientation « géographique » dans la bibliothèque permet de communiquer à deux niveaux avec l’usager ; l’information qui signale l’espace d’exposition temporaire, les toilettes ou la salle détente doit être différenciée de celle qui oriente vers les sciences sociales, les romans ou les DVD. Idéalement, cette signalétique sera servie par une configuration intelligente des locaux ; les projets architecturaux récents, outre leur esthétique extérieure, ont été définis le plus souvent avec des professionnels de la future bibliothèque, qui ont fait part de leurs exigences en matière de circulation, de délimitation des espaces, d’organisation des collections. Dans d’autres cas, où la bibliothèque a du s’adapter à des locaux existants, la signalétique dépasse son objectif de simple communication visuelle, et remplit celui de palier aux manques du bâtiment, de résoudre les problèmes induits par des locaux inappropriés.

Après la communication écrite, puis visuelle de la bibliothèque, comment ignorer la communication verbale qui va jouer un rôle déterminant dans l’autonomisation de l’usager. Je veux traiter ici de l’accueil de toute personne, inscrite ou non, qui passe la porte de la bibliothèque. Aujourd’hui, le plus souvent, cette fonction, très largement et précisément déclinée dans les référentiels du métier de bibliothécaire, se concentre dans le temps et l’espace à l’entrée de l’usager dans les locaux. Il s’agit le plus souvent d’un guichet, derrière lequel se trouve un bibliothécaire affairé sur un écran et vers lequel l’usager peut se déplacer puis solliciter l’attention et l’aide de l’agent. Cette configuration présuppose que l’usager repère cet espace, s’y dirige, et pose sa question, qui ne peut tout à fait être anodine, puisqu’elle va interrompre l’activité du bibliothécaire qui, qui l’en blâmerait, utilise l’écran à sa disposition pour réaliser des tâches très éloignées de la fonction d’accueil. La configuration des bureaux de renseignements est la même lorsque l’usager se déplace dans les autres espaces de la bibliothèque, c’est dans tous les cas l’usager qui va vers le bibliothécaire et non l’inverse. Pourtant, un autre accueil est possible, plus actif celui là, plus impliquant pour le bibliothécaire. On en a vu quelques illustrations à l’époque des emplois jeunes, et c’est cet accueil fondé sur « l’aller vers » l’usager qui est largement pratiqué dans les bibliothèques anglo-saxonnes par exemple. Imaginons un membre du personnel de la bibliothèque, simple agent, animateur ou bibliothécaire, qui se déplace dans les locaux, qui repère les usagers un peu perplexes devant un écran ou lisant le plan de la bibliothèque ou passant plus de cinq minutes dans un rayon sans un document à la main, qui irait vers cet usager pour lui poser une simple question ; « avez-vous besoin d’aide ? » ou « trouvez-vous ce que vous cherchez ». Dans le cas où l’usager est effectivement autonome, et répond qu’il n’a pas besoin d’aide, l’intervention est terminée, et l’agent peut continuer à circuler. Mais dans l’autre cas, la communication peut s’instaurer, l’accompagnement de l’usager, celui qui l’amènera à trouver sa réponse avec l’aide de l’agent, est initié, et l’acquisition d’autonomie peut commencer. Dans cette configuration d’accueil, c’est la bibliothèque qui assume la démarche d’aide, sans que l’usager n’ait à connaître la frustration de « l’échec » avant de demander, dans le meilleur des cas de l’aide, et dans le pire des cas, de quitter la bibliothèque en se félicitant de ne pas s’y être inscrit.

Autonomie des usagers – 1) origines d’un nouveau besoin

A l’époque, heureusement de plus en plus lointaine, où l’élitisme de l’accès aux bibliothèques et à leurs collections était la règle, la question de l’autonomie des usagers n’était pas de mise. L’usager était, par son érudition, son niveau de qualification, son statut social souvent, considéré, à tort ou à raison, comme capable de trouver l’information dont il avait besoin. Ou plus exactement, cet usager, rare et précieux, était très entouré par des bibliothécaires qui faisaient le travail de recherche à sa place, lui délivrant les ressources dont il avait besoin pour lui permettre de se consacrer pleinement à son étude, sa recherche.

La démocratisation de l’accès aux bibliothèques, la fréquentation croissante de celles-ci par un public multiple et divers, la configuration même de nos établissements ont totalement changé la donne.

L’accès libre aux collections est la première révolution à l’origine de cette recherche d’autonomie chez l’usager. Plus de formulaire à remplir pour obtenir le document souhaité, l’usager parcourt les rayons librement, se familiarise, plus ou moins facilement, avec le plan de classement de la bibliothèque, feuillète les ouvrages seul ; il cherche, et dans le meilleur des cas, il trouve seul la réponse à la question. Ce parcours libre et indépendant nécessite pourtant quelques compétences, et combien d’usagers restent perplexes devant un affichage qui leur présente la classification Dewey ou devant un écran de l’OPAC de la bibliothèque fraîchement informatisée…

Avec l’accès libre et les nouveaux services en bibliothèque, est venue l’affluence. Sans aller jusqu’au 6000 visiteurs quotidiens de la BPI à Beaubourg ou les 2000 du haut de jardin de la BnF, la fréquentation des médiathèques modernes n’a plus rien à voir avec celle des bibliothèques d’autrefois. Ce qui signifie que le ratio d’usagers par bibliothécaire disponible a considérablement augmenté, et qu’immanquablement, l’usager va devoir faire une partie du chemin seul, en autonomie.

Les nouvelles technologies, dont l’apport est indéniable dans l’amélioration de l’accès à l’information, restent malgré tout là encore demandeuses de compétences et d’une relative technicité, et tous les usagers ne sont pas au même niveau dans ce domaine. L’usager va devoir maîtriser outre les compétences de base liées à l’utilisation d’un ordinateur (souris, clavier, positionnement du curseur, …), celles qui relèvent de la recherche documentaire à proprement parler (choix des mots clés, lecture de la notice bibliographique, informations d’exemplaire). C’est là encore une grande autonomie que lui demande l’introduction de l’informatique à la bibliothèque.

Cette technicité se retrouve encore dans les autres équipements de la bibliothèque, tel que les postes d’accès à Internet, les appareils d’écoute de disques compacts ou de visionnage de vidéos ou de microfilms.

L’appropriation des documents eux-mêmes requiert des compétences spécifiques, surtout lorsque le document est un CD-ROM, une base de données, un serveur d’agrégateur de presse, un service de livres ou documents sonores à distance comme sur Numilog ou Bibliomédia. Si la diversité des supports garantie celle des accès à l’information, elle modifie en profondeur la lecture, au sens large, du document ; elle introduit l’outil, l’appareil comme intermédiaire de cette lecture, et en conséquence de nouvelles compétences pour l’usager.

C’est la modernité et le succès de nos médiathèques publiques qui sont à l’origine de cette nécessaire autonomie de l’usager dans son parcours, et le bibliothécaire aura la mission primordiale de s’assurer que cette autonomie est acquise et, dans le cas contraire, de mettre en œuvre des actions de médiation qui ne devront pas seulement répondre au besoin documentaire ponctuel, mais surtout viser à rendre l’usager autonome, et à favoriser l’appropriation par celui-ci de notre offre de service, dans toute sa complexité et sa richesse.

Autonomie des usagers - Introduction

"Quelles actions de sensibilisation et de formation les bibliothèques mettent-elles en œuvre pour favoriser l’autonomie des lecteurs, en leur faisant connaître les outils et les services de la bibliothèque et son environnement documentaire ?"

(sujet de concours BAS FPE en 2007)

Le manifeste de l’UNESCO, la charte des bibliothèques publiques du CSB ou encore le code de déontologie du bibliothécaire de l’ABF accordent tous une place importante à l’autonomie de l’usager et au développement des compétences de base nécessaires à l’accès à l’information. Les référentiels de la fonction publique territoriale et d’Etat déclinent eux aussi les activités liées à l’accompagnement et à la formation des usagers comme des éléments clés pour remplir les missions de service (au) public des bibliothèques.

Dans le paysage des bibliothèques publiques modernes, il paraît donc légitime de faire un état des lieux sur les pratiques favorisant l’autonomie de l’usager, et au-delà, rendre le premier service que tout bibliothécaire lui doit ; l’amener à trouver réponse à sa question, à satisfaire sa demande d’information, pour que celui-ci prenne pleinement conscience de l’intérêt de sa fréquentation, et pour qu’il exploite le plus efficacement possible les multiples ressources que la bibliothèque a à lui offrir.

J’analyserai dans un premier temps les raisons pour lesquelles, aujourd’hui plus que jamais, l’autonomie de l’usager est un enjeu capital de nos services, pour ensuite décrire le contexte favorable à cette autonomie, puis dans un troisième temps, je traiterai des actions de formation comme réponse à cette exigence d’autonomie de l’usager.

8 mai 2008

La médiation en bibliothèques publiques – conditions

Quelles conditions doit-on réunir pour assurer une médiation efficace ?

J’aurai ici tendance à répondre que chaque acte professionnel du bibliothécaire a une influence sur la qualité de la médiation.

Lors des acquisitions par exemple, et la politique d’acquisition en 12 points de l’ABF le souligne, il faut tenir compte de ses publics (donc bien les connaître), s’attacher à représenter les différents niveaux d’acquisition d’une information, du niveau « expert » au niveau « amateur », nouer des partenariats avec des acteurs extérieurs « spécialistes » de certains publics (exemple de médiations à destination des publics illettrés). Aider un usager à trouver l’information qu’il recherche, ne pourra pas aboutir si cette information est trop pointue ou technique pour lui.

Lors du traitement intellectuel de l’ouvrage ; difficile de voir en quoi le catalogage peut influer sur une médiation. Pourtant, les dernières révisions des normes françaises de catalogage qui abolissent certaines abréviations dans le corps de la notice pourraient bien aller dans ce sens. Là encore, il s’agit, lorsque le bibliothécaire oriente l’usager vers tel résultat de recherche sur le catalogue, que ce résultat soit compréhensible et lisible par l’usager. En ce qui concerne l’indexation, qu’il s’agisse des indices Dewey, ou des vedettes matières retenues, si le langage naturel n’est pas de mise, au moins s’en rapprochera-t-on le plus possible. Dans la recherche d’un indice, c’est la clarté pour l’usager plutôt que la précision rigoureuse qui devrait motiver l’indexeur. L’indice à 12 chiffres n’a, a priori, aucun intérêt pour l’usager. Un indice simple, commun à plusieurs documents portant sur une même thématique, permettra en libre accès, la proximité physique d’autres documents, susceptibles d’intéresser l’usager.

L’accueil des usagers est sans doute le moment privilégié pour instaurer une relation de médiation. Un accueil « actif », qui ne subisse pas les sollicitations, mais les appelle, qui n’attende pas la venue de l’usager à un guichet, mais qui devance cette venue en allant vers l’usager. Les pratiques des Pays Bas, du Canada, du Royaume Uni en la matière sont éclairantes ! Port de badge d’identification pour le personnel, voir dans les Idea store anglais d’un uniforme, mobilité du personnel, qui n’a pas de bureau, mais qui circule constamment et va vers l’usager qu’il pense être en difficulté. Cet accueil instaure la relation, il la construit à chacune des visites de l'usager, il permet ensuite une médiation plus naturelle, sans parler des effets qu'il peut avoir sur la gestion de conflits par la suite.

D’autres considérations plus générales telles que la signalétique, ou l’organisation des espaces de la bibliothèque, seront aussi des atouts majeurs pour une médiation réussie. Pour répondre à la citation de Abdelwahed Allouche (La médiation n’est pas une tâche mais une mission), il me semble en effet évident que la médiation n’est pas un acte et un temps identifiés dans la journée d’un bibliothécaire, mais se décline au quotidien, dans toutes les tâches liées tant au traitement des collections qu’à l’accueil des usagers.