22 mai 2009

Prêt illimité et accès libre

Dans le dernier numéro du BBF, un article intéressant sur la pratique de prêt illimité dans les bibliothèques municipales d'Albi ; "Lisez sans entraves : le prêt illimité à la bibliothèque municipale d'Albi".

A la Médiathèque Pierre Amalric (et ses annexes), l'emprunt des livres, revues, livres audio, jeux et partitions est gratuit, celui de CD audio et DVD coûte 15 € par an. Le nombre de livres, revues et partitions empruntables par un lecteur inscrit est ... illimité. La durée initiale du prêt est fixée à 4 semaines, mais, à la condition de ne pas faire l'objet d'une réservation par un autre lecteur, ce prêt peut être renouvelé pour une durée ... illimitée. Cette politique novatrice en matière de prêt s'accompagne toutefois, pour le lecteur distrait, d'une pratique de pénalités financières allant jusqu'à 10 € au delà d'un mois de retard dans le retour du document et au remboursement du document avec pénalité au delà de 3 mois.

L'article du BBF ne précise pas si le nombre de retard est resté stable ou a évolué, à la hausse ou à la baisse ? Autrement dit, les lecteurs ont ils joué le jeu de ces nouvelles règles ? Les constatations sur la sortie des documents sont encourageantes, avec 22% des collections en accès libre sorties contre 15% précédemment. Les réservations de documents ont quand à elle augmenté de 77%, ce qui tendrait à montrer que les lecteurs ont bien assimilé cette nouvelle pratique.

Cette expérimentation me fait me poser une question sur l'accès au document. Une étude existe-t-elle (est-ce seulement réalisable ?...) sur le mode d'accès au document, autrement dit, le lecteur emprunte-t-il un document parce qu'il l'a trouvé (et donc cherché) dans les rayons de la bibliothèque, ou suite à son interrogation du catalogue ? Si l'on ne peut que se féliciter de l'augmentation des emprunts de documents, qu'en est-il de cet accès libre, accès à part entière au document, accès qui est à l'origine de la configuration de nos médiathèques modernes ? Les "fantômes" jouent-ils leur rôle ici ? Si la réservation à partir du catalogue d'un document sorti est aisée dans la plupart des OPAC, les lecteurs qui ne trouvent pas le document qu'ils souhaitent dans les rayons vont-ils ensuite sur le catalogue pour le réserver ? Ou n'en concluent-ils pas tout simplement que ce document n'est pas à la bibliothèque, puisqu'il n'est pas en rayon...

L'accès libre et direct au document, au même titre que l'accès par le catalogue, traduit l'état de nos collections pour le lecteur ; quelle "re-médiation" peut être mise en place pour inciter le lecteur à préférer l'interrogation du catalogue, qui lui donnera accès à l'intégralité des collections, sorties ou non, et à la réservation le cas échéant. Et qu'en est-il de l'usage sur place, sans inscription ?

Qu'on ne s'y trompe pas, l'objectif du bibliothécaire est bien à mes yeux de voir le plus de documents possibles hors des rayonnages, entre les mains des lecteurs. Mais il est aussi d'informer le lecteur, inscrit ou non, sur la totalité des collections... Cette re-médiation passe sans doute par une plus grande communication sur les réservations, des fantômes plus "parlant" (photocopie de la couverture avec un message sur la réservation par exemple ?), une incitation plus grande à l'utilisation du catalogue... Car la seule sortie illimitée des documents n'est pas un objectif en soi, c'est bien leur circulation qui garantit une diffusion auprès d'un large public de lecteurs.

Pratique à suivre dans tous les cas...

19/06/09 : Et pour aller plus loin dans le débat, on pourra lire ce billet et ses nombreux commentaires sur le blog de Bibliobsession 2.0.

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18 mai 2009

Bibliothèques en ligne sur Jimdo


Découverte aujourd'hui de Jimdo, un outil de gestion de contenu gratuit, qui propose la création d'un site web en ligne. Pas besoin d'un éditeur html, d'un espace d'hébergement distinct, de transfert ftp, l'édition des pages se fait sur le site de jimdo, après connexion de l'utilisateur. Il semble que l'outil ait séduit quelques bibliothèques, comme celle de Puyloubier, de Sérent, ou encore de Saint Jean en Royans ; de petites structures, avec des moyens en proportion sans doute, qui s'offrent avec JIMDO un portail très structuré, graphiquement cohérent, et dont l'utilisation est très accessible.

Certes, les limites existent ; éditeur de texte peu évolué, traitement laborieux des images dans le texte, choix limité de mises en page. Toutefois, pour une structure avec peu de moyen et souhaitant mettre rapidement en ligne une page structurée, Jimdo est un outil très intéressant. Le service est donc gratuit, mais pour 5 euros par mois, le site propose 5 Go d'hébergement (au lieu de 500 Mo en accès gratuit), des statistiques détaillés de fréquentation, et la suppression des publicités.

Liens vers le site et le wiki de Jimdo

A noter également le moteur de recherche par tags très graphique de Jimdo :

Autre exemple d'utilisation réussie de Jimdo avec ce lien vers la bibliothèque sonore de Cannes (Merci Amélie).

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11 mai 2009

Portails de bibliothèques

La médiathèque de Roubaix

Difficile de trouver une liste exhaustive des sites web créés pour et par les bibliothèques publiques. Je n'ai rien trouvé de véritablement exhaustif, seulement quelques tentatives très partielles ;

Dans les signets de la BnF, une sélection d'une vingtaine de sites de bibliothèques publiques, en majorité térritoriales.

Sur Biblio On Line, une liste de liens vers les portails de bibliothèques municipales et de BDP, toujours pas exhaustive mais un peu plus complète quand même.

Sur le portail Bibliopedia, une liste qui ne concerne pas directement les sites des bibliothèques mais leurs blogs.

En utilisant le répertoire du site de l'ADBGV , en consultant le répertoire des bibliothèques du CcFr et, pour finir, en ajoutant à ces listes les résultats d'un moteur de recherche sur les termes "site de la bibliothèque" ou "site de la médiathèque", on parvient j'imagine à accéder à la totalité des sites en lignes de bibliothèques publiques. Une liste unique et exhaustive reste à créer...

Les bibliothèques municipales de Grenoble

En suivant quelques liens proposés par ces listes / répertoires, la diversité et la variété des réalisations est frappante. De la page web simple contenant quelques liens vers les plaquettes en PDF de l'établissement, au portail web élaboré au graphisme impeccable, la palette est large. La taille des établissements est bien sûr déterminante, même si des exceptions existent, qu'ils s'agissent des sites de petits établissements particulièrement dynamiques et complets ou de sites de grandes médiathèques étonnamment basiques.

Certaines médiathèques externalisent la gestion de leur site en les confiant à des sociétés de services Web, d'autres utilisent des compétences en interne. Par ailleurs, de plus en plus de logiciels de bibliothèques proposent des solutions "CMS" ou "SGC" (pour Système de Gestion de Contenu), qui permettent d'habiller en quelques sortes les OPAC web et de créer un véritable portail d'accès au catalogue bien sûr, mais aussi à des services, internes ou externes, à des informations pratiques, des pages d'actualités, etc... Ces systèmes sont paramétrables et personnalisables, et constituent une solution intermédiaire parfois très satisfaisante qui évitent d'embaucher un webmestre à temps complet, ou d'externaliser la gestion du portail. Parmi les SIGB qui proposent ces solutions :

La médiathèque de Dole

Toutes ces solutions et les pratiques très variées des différents établissements posent la question des objectifs d'un tel portail. Parfois considéré comme un outil de communication (la "vitrine" de l'établissement) ou comme un outil documentaire à part entière, le portail d'une bibliothèque publique remplit des objectifs précis, mais très différents selon les cas.

Le premier objectif me semble être l'information au sens large des usagers. Sur la localisation de la bibliothèque, ses horaires d'ouvertures, ses collections, mais aussi ses missions, son organisation, son règlement, ses actualités, les services qu'elle propose.

Le plan du portail des bibliothèques d'Orléans

Ces informations sont présentes dans la majorité des cas, sous des formes et avec des accès différents. Pour les compléter, certains établissements proposent des visites virtuelles des locaux comme à Saint Germain en Laye, Troyes ou encore Limoges. D'autres proposent des chiffres ou rapports d'activité, comme à Lyon, à Sainte Tulle dans les Alpes de Haute Provence, Chalon sur Saône, etc.

Je distingue ici deux types d'informations ; celles qui portent sur les modalités pratiques d'accès aux services (agenda, horaires, plans...), présentes dans la quasi totalité des sites, et celles qui consistent à affirmer l'identité de l'établissement, en en présentant l'histoire, les missions, les activités. Cette deuxième information est encore relativement absente ou partielle sur les sites que j'ai visités.

La Bibliothèque de Toulouse

Le deuxième objectif est plus documentaire celui-là ; c'est la bibliothèque "hybride" dont parlent certains, la bibliothèque qui proposent des services documentaires en ligne. Cet objectif présuppose le développement de nouveaux usages de la bibliothèque, en l'occurrence les usages distants. L'offre est très inégale selon les établissement, tout comme les moyens à disposition pour développer de telles offres.

Le premier service que la bibliothèque se doit de proposer est bien sûr le catalogue du fonds. Je ne reviens pas ici sur les nombreuses variantes d'OPAC qui existent. La plus value de l'accès en ligne du catalogue n'est plus à démontrer ; si aucune statistique n'existe sur ce point, je ne serais pas étonné que des non usagers se soient inscrits à la bibliothèque justement après avoir consulté le catalogue en ligne et découvert les richesses inconnues d'une collection ; je suis de ceux là ! L'usager préparant sa visite, localisant les sections les plus pertinentes pour ses recherches, vérifiant la disponibilité d'un document, les avantages que présente l'interrogation du catalogue en ligne sont nombreux. De plus, la valorisation des collections, par la sélection ou les coups de cœurs des bibliothécaires, la mise en valeur des dernières acquisitions, ajoute encore à la simple interrogation, et remplit le rôle des listes papier et des tables ou présentoirs de la bibliothèque "réelle".

La bibliothèque municipale de Nantes

Je distingue ensuite les services internes des services externes. Dans la première catégorie, on trouve les produits documentaires qui peuvent être proposés en lignes ; bibliographies, dossiers documentaires par exemple, mais aussi les expositions virtuelles comme à Versailles, Troyes ou encore Toulouse. Les collections numérisées font également partie de ces ressources ; iconothèque, bibliothèques numériques, les offres sont ici souvent fonction des moyens bien sûr ; à Reims, Roubaix, Lisieux, par exemple.

Dans ces services issus des collections, j'inclus les sitothèques proposées par certains établissements, ou également les services de recherche à distance. Concernant les sitothèques, si je conçois l'intérêt que présente une liste organisée de liens, je suis plutôt partisan de traiter le site Internet comme un document à part entière et d'intégrer sa description non à une liste distincte mais plutôt aux notices du catalogue en ligne. Quitte à valoriser ce "fonds" par des listes extraites du catalogue ensuite. Cette pratique d'intégration de sites Internet dans les résultats d'une recherche OPAC est de plus en fréquente, même si elle pose le problème de la consultation de ces documents "distants" à partir des postes OPAC à l'intérieur de la bibliothèque, ceux-ci n'étant pas toujours connectés à Internet.

Parmi les services externes, les possibilités sont nombreuses, et je renvoie au site du CAREL pour feuilleter le "catalogue" de plus en plus complet des ressources électroniques en ligne. Ces ressources ne sont évidemment pas accessibles à tous les budgets... mais qu'est-ce qui empêche un établissement d'orienter ses usagers vers le site du projet Gutenberg ou encore vers Gallica et Europeana. Un inventaire des ressources en ligne gratuite reste à construire, et la bibliothèque ne me semble pas la plus mal placée pour cela...

La médiathèque de l'agglomération Troyenne

Pour finir, je déclinerai un troisième objectif, celui de l'interaction avec les usagers. Objectif incontournable à l'heure du web 2.0 ! Cette interaction peut prendre plusieurs formes ; les OPACs proposent de plus en plus des fonctionnalités permettant à l'usager de "voter" pour un document, d'ajouter son avis ou des tags / étiquettes : l'usager ici devient contributeur du catalogue. La gestion du compte lecteur est elle aussi de plus en plus largement proposée par les OPAC ; la connexion de l'usager sur le site détermine parfois son accès à certaines rubriques ou ressources, à certaines fonctionnalités de l'OPAC, ou encore à un espace personnel consultable d'un poste à la médiathèque ou de son domicile.

Les fonctionnalités du RSS se retrouvent également de plus en plus souvent sur les sites des bibliothèques et permettent une veille facilitée de l'usager sur les actualités de l'établissement. Quelques bibliothèques sont aussi présentes sur certains réseaux sociaux, Facebook (Médiathèque de Bagnolet) ou encore Babelio (ici la Médiathèque de Marennes dans la Charente Maritime). LibraryThing, plus anglophone, compte plusieurs bibliothèques publiques anglo-saxonnes parmi ses abonnés. Il s'agit ici de sortir du site de la bibliothèque, et d'aller vers l'usager là où il se trouve, pour communiquer et informer sur les services ou les collections. Le site social est un relais intéressant pour élargir la présence de la bibliothèque sur Internet, pour toucher un public plus large, notamment l'internaute qui ne cherche pas la bibliothèque, mais qui va la trouver "par hasard" sur le réseau social auquel il s'est abonné.

La médiathèque de Lorient

Les blog(ue)s sont bien sûr en théorie l'outil le plus approprié pour échanger avec les usagers, même si, dans la pratique, certains tendent à servir les objectifs d'un portail (information) et en conséquence limiter la contribution de l'usager (voir ce billet). Dans le même ordre d'idée, même si je n'ai pas trouvé d'exemples en ligne, la création d'un forum peut être intéressante pour accueillir des discussions d'un club de lecteurs par exemple, ou des réactions à telle ou telle animation ou conférence organisée par la bibliothèque. Tous ces services sont toutefois très demandeurs en temps pour les bibliothécaires ; il faut alimenter en contenu ces outils, les modérer, et mobiliser un collectif sur ces tâches, pour que tous les services et toutes les collections puissent être représentées.

Pour compléter ces réflexions, je renvoie à la lecture du dossier toujours d'actualité du BBF n°3 T51 de 2006.

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