4 mai 2008

Bibliothèque et politique culturelle


La bibliothèque dans la politique de développement culturel du territoire.
C'est sur cette question qu'ont du plancher, en 2006, mes prédécesseurs au concours d'ATQCPB. Il y a peu de chances bien sûr qu'elle soit de nouveau dans les sujets en 2008, mais je vais quand même tenter d'y répondre...
Qu'entend-on par politique de développement culturel ?
Je développerais d'abord cette notion en définissant trois axes majeurs des missions que peut se fixer une collectivité dans sa politique culturelle, et j'essaierais ensuite d'y intégrer les missions et actions des bibliothèques, en n'omettant pas de distinguer les rôles respectifs de la BM et de la BDP.
Trois grands axes que je définirais ainsi ;
1/ la valorisation de l'existant, du patrimoine territorial
2/ la couverture territoriale de l'offre culturelle pour l'accès d'un large public
3/ le soutien à la création culturelle

Sur le 1er point, la bibliothèque est directement concernée et impliquée, car l'une de ses premières missions est d'assurer la conservation de ses collections, et de les valoriser. Si l'on parle du patrimoine des bibliothèques, que constituent en particulier les fonds anciens, ce patrimoine est l'objet de toutes les attentions ces dernières années. Le lien entre ces fonds et le territoire est fort, car les trésors de nos bibliothèques viennent pour partie des dons de grandes familles de la région, et bien sûr des confiscations révolutionnaires, notamment des abbayes environnantes. Les opérations de numérisation de ces fonds s'inscrivent dans la sauvegarde (ou sauvetage) de ce patrimoine, mais aussi dans la mission de valorisation de l'existant, car elles permettent de sortir ces documents de leur réserve, au sens propre et figuré, par le biais d'expositions sur place ou virtuelles sur le portail de la bibliothèque, d'accès facilité au document, de publications parfois. Le public est informé de l'existence de ce patrimoine, auquel seuls quelques chercheurs avaient accès autrefois. La rétroconversion des catalogues manuels de ces fonds est une autre action qui favorise leur valorisation ; en ajoutant au catalogue BMR de la BnF ses références, la bibliothèque informe sur sa collection, au delà même de son territoire, augmentant en cela le rayonnement de la bibliothèque hors de son territoire. La valorisation du fonds de la Bibliothèque Bleue, maison d'édition créée à Troyes au XVIIe siècle, par la médiathèque de l'agglomération troyenne MAT, est une illustration de cette valorisation du patrimoine territorial ; exposition à la bibliothèque, mise en ligne sur le site Internet des volumes numérisés, ré-édition de certains titres.

Sur le second point, là encore, les dernières décennies ont prouvé à quel point cette mission était importante pour les bibliothèques. Le code de déontologie de l'ABF le dit bien, "la bibliothèque est d'abord au service de ses usagers". Elle est, selon la charte des bibliothèque du CSB "un service public nécessaire à l'exercice de la démocratie". Ces missions très fondamentales se déclinent nécessairement dans l'accroissement du public desservi. Elles sont à l'origine de la recherche de proximité avec les publics. Proximité assurée par les BDP, dans leur couverture des communes de moins de 10000 habitants, dans leur mission de soutien à la création de bibliothèques, dans leur formation des personnels salariés et bénévoles. Les bibliothèques municipales elles aussi, en développant des réseaux intercommunaux, développent la proximité du service. Le programme des ruches est significatif, dans les communes rurales mais aussi pour quelques zones urbaines périphériques ; la création de ce service culturel au cœur des territoires est une garantie d'accès renforcé à la culture pour des publics autrefois exclus.
Les actions en faveur des publics empêchées sont à compter parmi les actions favorisant l'accès à la culture du plus grand nombre. Les actions "sociales", de lutte contre l'illettrisme, de services / animations destinées aux demandeurs d'emploi, sont autant de distance parcourue pour réduire et combattre les exclusions.

Sur le troisième point, je considérerais que la bibliothèque n'est que rarement impliquée dans, par exemple, les résidences d'écrivains ou d'artistes que telle commune, tel département va financer et organiser, ou dans les aides financières que le département ou la région va distribuer aux éditeurs locaux. En revanche, elle doit jouer un rôle majeur dans la mise en valeur de la création locale, en la faisant figurer en bonne place dans ses collections bien sûr, mais aussi en faisant connaître cette création par ses animations ; rencontres avec les auteurs, clubs de lecteurs sur les ouvrages concernés, projection d'un court métrage réalisé par un cinéaste local, expositions d'un photographe de la région, etc.

Enfin, comme acteur culturel parmi d'autres, comme maillon d'une chaîne territoriale, la bibliothèque développe des partenariats avec des musées, des conservatoires, un département cinéma de l'université, et informe ses usagers des activités de ses partenaires par l'affichage, la mise à disposition de brochures et de documents de communication de ses partenaires, par la mise en valeur des documents qu'elle possède sur tel thème d'exposition traité actuellement par le musée municipal, etc. Elle s'inscrit dans cette politique globale, et n'agit pas seule, sans tenir compte des autres domaines de la politique territoriale en matière de culture.

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