Garantir l’autonomie de l’usager ne se fait pas sans effort ; il est important qu’une grande partie de ses efforts soient assumés par le bibliothécaire et non par l’usager lui-même, sans quoi un frein supplémentaire est créé à la fréquentation du plus grand nombre. L’autonomie de l’usager est ainsi liée à celle du bibliothécaire dans les compétences de communication et d’accueil, qui doivent en conséquence être non seulement valorisées par l’institution, mais aussi développées. Ce constat se vérifie et s’amplifie même dés lors que l’on parle de formation des usagers. La pédagogie du bibliothécaire ne s’improvise pas, elle se construit !
J’inclurai, pour commencer, à ce thème de la formation de l’usager la visite de la bibliothèque. Il ne s’agit pas ici d’une simple visite des locaux et du bâtiment, mais d’une visite pédagogique, dont l’objectif pourrait s’énoncer comme ceci : à l’issue de cette visite, l’usager sera capable de se repérer facilement dans les locaux et les collections, et d’identifier les outils à sa disposition pour mener ses recherches documentaires. Visiter la bibliothèque dans ce cas sera l’occasion de distinguer les postes de consultation du catalogue des postes Internet, de solliciter les bibliothécaires des différentes sections pour une brève présentation du fonds, de souligner l’importance et le sens de la signalétique, d’introduire le plan de classement de la bibliothèque, de préciser les règles en vigueur dans les salles d’étude ou dans le maniement des documents. Solliciter le groupe d’usagers, les rendre acteur de cette visite en prenant l’exemple d’une thématique de recherche de l’un d’entre eux, les interroger sur leur réaction face à tel équipement ou telle collection, seront autant de techniques pédagogiques à mobiliser.
On l’a vu, l’entrée de l’informatique à la bibliothèque en fait un outil incontournable pour chercher mais aussi, dans le cas des bibliothèques numériques, consulter les documents correspondant à sa requête. Or l’utilisation efficace de cet outil nécessite certains savoir-faire que tous nos usagers ne maîtrisent pas nécessairement. Si aujourd’hui l’équipement en informatique personnel représente plus de 50% des foyers français, il en reste donc une moitié qui en est privée, et dans les 50% de foyers équipés, combien de parent utilisent-ils l’ordinateur acheté principalement pour la scolarité des enfants ? La fracture numérique est une réalité de notre société, et les initiatives sont nombreuses, dans des services publics variés, qui tendent à réduire cette fracture ; des ateliers de l’ANPE pour familiariser les demandeurs d’emploi à la recherche d’offres sur Internet, en passant par l’implantation de « cyber espaces », comme ceux financés par le Conseil Général des Côtes d’Armor par exemple, les efforts sont nombreux pour généraliser l’utilisation de l’ordinateur dans la vie courante.
Avant même d’envisager la formation des usagers à la recherche documentaire sur catalogue informatisé, la bibliothèque se doit, comme tout acteur de formation, de s’assurer que les pré-requis élémentaires à l’utilisation de l’informatique sont présents chez ses usagers. En discutant avec le bibliothécaire chargé, dans la médiathèque que je fréquente, des initiations à la recherche documentaire, celui-ci m’expliquait qu’il devait naviguer entre deux frustrations lors de ses animations ; celle que ressent le néophyte qui panique dés que son pointeur de souris disparaît de son champ de vision et celle de l’utilisateur plus aguerrit qui se lasse d’attendre les plus lents. La bibliothèque doit donc mettre en place des actions distinctes pour ces usagers, pour s’adapter à leurs différents niveaux d’autonomie.
Je pense par ailleurs que les actions d’initiation au catalogue doivent cibler certains publics plus que d’autres. L’intégration dans la majorité des cursus universitaires d’unités de valeurs sur la recherche d’information peut dispenser, sauf demande particulière ou spécificité locale, de former les étudiants qui font déjà l’objet d’un tel enseignement. Ceci permet alors de se concentrer sur les publics les plus en difficultés. Par ailleurs, des actions ciblées en fonction des publics sont à encourager ; une animation dans l’espace « ados » sera différente de celle organisée dans la section adultes ou jeunesse. Des actions collectives organisées avec des partenaires tels que les écoles primaires ou une maison de retraite peuvent permettre de répondre au mieux, de façon différenciée, aux besoins spécifiques des publics.
Le développement, enfin, de l’auto-formation, me paraît être une piste intéressante pour là encore s’adapter au plus près du besoin de l’usager, et réduire ou canaliser d’une certaine façon les moyens humains mobilisés pour la formation des usagers. L’expérience de la Bibliothèque Municipale de Lyon Part Dieu va dans ce sens ; que l’usager soit connecté de chez lui au portail de la bibliothèque ou qu’il soit face à un écran dans la bibliothèque, il peut accéder à un outil d’aide à la recherche documentaire en ligne. Un lien ouvre une nouvelle fenêtre, dans laquelle apparaît un guide, illustré de nombreux écrans du catalogue, qui lui permet ainsi de se familiariser, en toute autonomie, à la recherche documentaire dans cette bibliothèque. D’autres ressources d’auto formation, liées à la recherche sur Internet ou à la recherche de ressources sur l’emploi et l’orientation professionnelle sont également disponibles.
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