Quels impacts l’entrée d’Internet dans les bibliothèques publiques a-t-elle sur le quotidien des bibliothécaires et de leurs usagers ?
L’évolution rapide de l’accès à Internet en France a permis de rattraper le retard accumulé sur nos partenaires européens notamment. Avec une couverture quasi complète (France Télécom annonce un taux de 98% du territoire) du pays en connexion ADSL, avec près de 60% de foyers français équipés en micro-informatique, et plus de 40% de foyers connectés, Internet est un media d’actualité, et il paraissait impensable que les bibliothèques n’en saisissent les enjeux et les nombreux intérêts pour l’accomplissement de leurs missions.
En ce qui concerne les collections, et plus précisément les acquisitions, Internet permet au bibliothécaire un accès à de nombreuses ressources qui viennent l’aider dans ces choix ;
- des bases de données bibliographiques, bien sûr, mais aussi des sites d’éditeurs, voir de certains libraires,
- la consultation d’autres catalogues de bibliothèques d’un même territoire, qui peut permettre de fixer des priorité d’achats sur des documents ou thématiques peu couvertes par les partenaires documentaires locaux,
- une multiplicité et diversité d’échanges entre professionnels, qui prennent la forme de blogs, de forums, de sites dits sociaux, comme TheLibraryThing, sur lequel des internautes commentent et critiquent des livres, ou encore par la consultation d’un site tel que La Joie par les Livres, qui met à disposition en ligne un catalogue sélectif et critique des documents destinés aux sections "jeunesse" de nos bibliothèques.
Internet ici réduit l’isolement du bibliothécaire dans ses décisions d’acquisition. Plus généralement, Internet est un outil professionnel important aujourd’hui, et ce de façon transversale, sur toutes les missions et activités du bibliothécaire ; en se faisant l’écho de débats, recherches, expériences menées sur le terrain, comme sur le forum BiblioForum par exemple, mais aussi en donnant accès à des informations professionnelles, au travers des nombreux sites institutionnels (IFLA, ABF, CNL, BnF, etc.), à des publications en ligne comme le Bulletin des Bibliothèques de France, à des études sur le département statistique du CNL, à des publications de la BPI (certaines étant consultables en ligne) ou encore, sur les sites de l’ENSSIB ou de la BPI, à des comptes rendus voir des enregistrements de journées d’études.
Toujours du point de vue du bibliothécaire, Internet représente un réel intérêt dans le traitement des collections, avec la possibilité de télécharger des notices, d’une base de données commerciale comme Electre ou bien à partir du catalogue en ligne de la BnF, ou encore, pour les bibliothèques partenaires, à partir des catalogues en ligne des BDP.
Internet enrichît bien sûr les collections ; avec la multiplication des postes connectés dans les bibliothèques, les usagers ont accès aux ressources documentaires exponentielles disponibles sur le Web. Les bibliothèques ici aident l’usager par la création de sitothèques, la sélection de ressources de référence ou présentant un intérêt local. Certaines, quand les budgets le permettent, proposent un accès à des agrégateurs de presse (EuroPresse, PressEDD) pour une recherche plus efficace dans des bases de données d’article de presse.
Cette mise à disposition d’un nouveau media s’accompagne immanquablement d’une médiation renforcée ; de très nombreuses bibliothèques proposent aujourd’hui des formations ou ateliers d’initiation à Internet, participant ainsi à l’effort de nombreux services publics contre la fracture numérique.
La diffusion des collections est également servie par Internet, en particulier par la « délocalisation » des documents qu’elle permet dans le cas des bibliothèques numériques. La Bibliothèque Numérique pour le Handicap mise en place par la bibliothèque municipale de Boulogne-Billancourt est une illustration convaincante du rôle social que peut donner la bibliothèque à Internet, en l’utilisant pour aller à la rencontre des publics empêchés.
La présence des bibliothèques sur Internet augmentent chaque jour et des portails très divers sont créés, proposant le plus souvent un accès au catalogue de la bibliothèque, mais aussi, selon l’établissement et ses moyens, de nombreux autres services ; internes, comme la mise en ligne de produits documentaires (dossiers thématiques, bibliographies), d’expositions virtuelles permettant la valorisation des collections, et externes, comme l’accès à des plates-formes telles qu’Artevod pour de la vidéo en ligne, Numilog pour des livres électroniques, Bibliomedia pour de la musique, des vidéo, des livres audio, etc.
Ces portails sont l’occasion de construire une nouvelle relation avec l’usager, par l’intermédiaire par exemple d’un blog de la bibliothèque, auquel les usagers sont invités à collaborer, d’une information actualisée (agenda, calendrier des animations), de services d’interrogation à distance comme Biblio@sésame, etc.
Progressivement, avec les évolutions du Web 2.0, ces portails deviennent l’occasion de placer l’internaute, usager ou non, au centre de la démarche, en personnalisant l’information du site pour des inscrits en fonction par exemple de thématiques définies par lui-même ou par son historique d’emprunts, mais également en mettant à contribution les visiteurs du site et en les invitant à donner leur avis sur tel document ou telle exposition.
Les bibliothécaires ont su ne pas s’arrêter à l’image d’Internet comme concurrent de la bibliothèque publique, mais ont saisi tout l’intérêt que ce nouveau média représente, tant sur le plan de l’enrichissement des collections, que sur la relation avec les publics et sur le travail quotidien lié à leurs missions les plus fondamentales.
15 mai 2008
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