8 octobre 2008

Bibliothèque et quartier


La proximité de l'équipement culturel et de lecture publique me paraît être un pilier dans une politique de la ville, et plus précisément une politique de re-valorisation ou de re-qualification urbaine.

Ceci étant dit, le modèle de la bibliothèque de quartier ne peut tout à fait être le même que celui d'un équipement du centre ville. De même d'ailleurs qu'une bibliothèque en milieu rural ne sera pas identique dans son organisation et ses services à celle d'un centre ville. Il ne s'agit pas ici de stigmatiser des populations, il s'agit ici de prendre en compte la réalité des spécificités et des tensions qui existent dans certains quartiers.

Je partirai d'abord de l'idée que la bibliothèque ne devrait pas être un équipement isolé, mais faire partir d'un tout ; au sein d'une mairie annexe, d'une maison de quartier, d'un centre culturel, etc... La mixité ici est synonyme de partenariats : la bibliothèque de quartier pourra plus facilement s'imposer comme équipement culturel si elle fait partie d'un ensemble de services, auxquels les citoyens du quartier reconnaissent d'emblée l'utilité. Intégrée dans un ensemble, le résidant du quartier dispose de passerelle pour accéder à un équipement dont l'accès, en raison des représentations et stigmatisations véhiculées sur son quartier, n'est pas aussi simple et naturel qu'en centre ville ; il se rend à la mairie annexe pour telle démarche et entre à la bibliothèque "par la même occasion". La bibliothèque de quartier doit à mes yeux provoquer la rencontre, la faciliter, et sa proximité avec d'autres services permet cette rencontre.

A cette proximité géographique s'ajoute bien sûr le nécessaire partenariat avec les autres services du quartier ; avec les crèches et écoles,bien sûr, les association de quartier, les éducateurs de rue, mais aussi des services tels que missions locales, antenne ANPE, centre de formation professionnelle, ...
La bibliothèque de quartier, comme le programme des ruches le préconisait en son temps, peut accueillir des services ayant des missions très éloignées a priori de celle d'une bibliothèque ; accueillir la permanence d'une mission locale par exemple me parait intéressant par le lien que cela permet d'établir entre le jeune, son interlocuteur "socio-professionnel" et un service de lecture publique. Accueillir en son sein des réunions d'association de quartier me paraît de la même façon intéressant. Cela favorise l'appropriation du lieu par les habitants du quartier.

C'est enfin dans ses services et dans ses collections que la bibliothèque de quartier peut traduire cette proximité. Il ne s'agit pas ici de proposer une offre moins exigeante bien sûr ; dans nos quartiers difficiles réside une grande diversité d'individus, de l'étudiant au jeune diplômé en recherche d'emploi, du jeune scolaire à la mère au foyer...
Il s'agit simplement de diversifier l'offre ; la même exigence de qualité s'impose ici aux fonds traditionnels des bibliothèques (littérature par exemple). D'autres fonds toutefois ont leur place, et je reprends à nouveau les préconisations du programme des ruches qui prévoyaient le développement de kiosques du citoyen, un peu à l'image, toute proportion gardée bien sûr, du rez de chaussée de la BPI qui propose une collection "information générale et vie pratique" ainsi qu'un fonds sur les métiers et la recherche d'emploi.

Dans les services, la démographie observée dans ces quartiers nécessite bien sûr que l'on s'intéresse aux plus jeunes. Et puis, en s'appuyant toujours sur des partenariats forts, le développement d'actions spécifiques, sur l'illettrisme par exemple, sur la recherche d'emploi, sur le multimédia, sur des jeux informatiques éducatifs, etc... Partir des partenariats et des relais dont on dispose grâce à eux pour définir une offre adaptée.

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