Débat houleux, parfois même violent, sur le Dlog de Dominique Lahary au sujet de l'extension des horaires d'ouverture des bibliothèques des grandes villes, et notamment de l'ouverture le dimanche.
J'ai déjà exprimé dans ces pages mon avis, plutôt favorable, sur cette question. Je me félicite de la confidentialité de ce blog et de l'anonymat complet de ma modeste personne qui m'ont évité à ce jour des commentaires tels que ceux que je viens de lire en réponse au billet de Dominique Lahary...
Je cherche un emploi en bibliothèque depuis un mois maintenant, et si la compétence "accueil et information du public" figure systématiquement dans les offres que je consulte, je réalise que le "back office" ou les tâches "hors-public" sont très nombreuses...
Le traitement intellectuel des documents, le catalogage sont presque toujours des activités constitutives des postes, et je m'étonne de ne pas avoir vu une seule fois (sur une trentaine d'annonces lues à ce jour) une mention du téléchargement de notice. Mon travail actuel sur le catalogage me conduit pourtant à penser, au vu des différences nombreuses et systématiques entre les descriptions bibliographiques d'un même document selon les bibliothèques, que ce téléchargement de notices (gratuit à partir de BN Opale Plus si je ne me trompe) signifierait outre un gain considérable de temps, une avancée évidente dans la cohérence de nos catalogues... Le gain de temps libérant le bibliothècaire pour l'accueil du public, bien sûr, mais aussi pour les innombrables tâches, elles aussi en "back office", favorisant cet accueil (organisation d'événements, animation de partenariats, valorisation des collections, développement des services à distance...).
Sur le constat qualifié par un commentateur de "technocratique et culpabilisateur" du rapport Perrin sur la faible amplitude horaire d'ouverture des BU en France, le procédé qui consiste à mettre au même niveau la bibliothèque de Birmingham (2 300 000 habitants quand même !) avec une bibliothèque universitaire d'une ville comme Reims (184 000 habitants) par exemple est effectivement assez surprenant. Proportionnellement aux moyens et personnels mobilisés, les 61 heures d'ouverture de la section Droit-Lettres des bibliothèques universitaires de Reims constituent un exploit et une prouesse qui méritent d'être salués ! Par ailleurs, se souvenir qu'au Royaume Uni, les universités sont financées en grande partie par des fonds privés, qu'une année d'inscription coûte environ 4800 euros par année et par étudiant, ne me paraît pas anecdotique lorsque l'on fait des propositions aussi coûteuses que celles préconisées dans ce rapport. Ainsi, en comparant cette fois Reims et York (181 000 habitant - 78 heures d'ouverture pour la BU) peut on expliquer, au moins en partie, la différence de 17 heures d'ouverture hebdomadaires entre les deux bibliothèques universitaires de taille comparable cette fois, mais avec des financements bien différents ! Pour finir, il n'est peut être pas inutile de préciser qu'aucune loi anglaise n'oblige un employeur à payer plus un salarié travaillant le dimanche, et que, dans la pratique, les salaires proposés sont d'une fois et demi à deux fois le salaire d'un autre jour ou compensés par du repos supplémentaire. J'ai travaillé (il y a 20 ans...) en nocture (20h-22h) dans une bibliothèque universitaire Londonienne, et mon salaire était le même qu'en horaire de journée...
Pour les bibliothèques publiques, une extension des horaires ne peut concerner que les villes moyennes ou grandes, c'est une évidence. Il est dommage, comme le mentionnaient plusieurs commentateurs du billet de Dominique Lahary, que dans les horaires d'ouverture de nos bibliothèques ne soient pas comptabilisées les heures où, en dehors des ouvertures au "grand public", sont accueillis les scolaires ou les groupes en général. Ne pas comptabiliser ces activités comme de l'accueil de public, cela revient presque à remettre en cause les partenariats bibliothèques-écoles par exemple... Je ne suis pas personnellement favorable à l'ouverture le dimanche des magasins ; pour des raisons sans doute idéologiques ou politiques, c'est vrai. La consommation permanente n'est pas à mes yeux la valeur la plus essentielle à partager dans une société ; la curiosité, la connaissance, l'échange, la culture, en revanche...
Et c'est pour cela que je suis pour l'ouverture des bibliothèques le dimanche, quand les conditions sont réunies pour le permettre. De même que personne ne remet en cause dans le débat actuel l'ouverture de musées, de monuments historiques, de restaurants et cafés le dimanche, je pense que l'ouverture des bibliothèques viendrait compléter l'offre de "culture", de "loisirs" ou de "divertissement" que notre société peut (doit ?) proposer aux citoyens.
Les conditions pour ouvrir ? Difficile de les définir... Je reviens d'abord sur la notion de volontariat, toute relative j'en conviens dans un rapport entre employé et employeur. Je ne pense pas qu'ouvrir contre la volonté des agents ait un quelconque avenir... Recruter du personnel supplémentaire ? Oui, mais le former comment et à quoi ? Et puis, que mettre dans cette ouverture du dimanche ? Un commentateur parlait d'une obsession du contenant au détriment du contenu. Et si l'ouverture ponctuelle, évènementielle était un compromis à explorer. Cela se fait déjà dans de nombreuses villes. Et si c'était l'animation, l'exposition, le concert, la conférence qui déterminait l'ouverture le dimanche. Et si on partait du contenu pour définir le contenant le plus approprié ?... Enfin, quels sont les retours sur expérience ? Des bibliothèques françaises sont déjà ouvertes le dimanche ; quels sont les publics ce jour là, quel est le taux de fréquentation, le nombre de transactions, le type d'usages que l'on observe ? Ces informations sont essentielles pour nourrir la réflexion, me semble-t-il.
5 décembre 2008
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